Avec Kings, largement en dessous de Mustang, il y a la forte tentation de parler du syndrome du film américain d'un réalisateur(rice) européen(ne), le plus souvent décevant, pour ne pas dire an ayant perdu son âme. Ce n'est pas aussi simple dans ce cas précis, le projet étant porté depuis longtemps par Deniz Gamze Ergüyen, qui en a écrit le scénario seule. C'est peut-être là où le bât blesse d'ailleurs, dans le sens où le regard d'un coscénariste aurait pu aider l'histoire. Car il faut bien le dire, la substance narrative de Kings est terriblement brouillonne et contraste avec les images d'actualité du procès des policiers ayant tabassé Rodney King puis des émeutes qui s'ensuivirent. Comme si la fiction imaginée par la cinéaste paraissait bien faible et presque fade par rapport au contexte historique. Tout n'est pourtant pas à jeter, loin de là, en particulier l'énergie de la réalisation, la mise en scène et la direction des jeunes acteurs, domaine dans lequel excelle la réalisatrice, à l'instar de Mustang. En revanche, Halle Berry et Daniel Craig semblent un peu livrés à eux-mêmes et ne brillent que par des excès de jeu. Le film essaie d'alterner diverses ambiances, passant en peu de temps de la comédie au drame, dans ce champ de bataille qu'est devenu alors L.A sans que cela soit véritablement maîtrisé mais au moins Deniz Gamze Ergüzen essaie, quitte à se tromper. On pourra sans doute mieux la juger avec son prochain film, The Lifeboat, à nouveau tourné en anglais.