C'est en pleine résonance avec l'actualité que sort ce film qui retrace les émeutes qui ont ébranlé Los Angeles en 1991. Il semblerait bien que ces faits d'actualités se répètent. Les faits divers sont similaires et les émeutes semblent pouvoir commencer à tout instant. Plus que le film en lui-même, la réalisatrice semble attirer l'attention sur ce terrible constat.
Pour se focaliser sur le film, on suit donc l'histoire d'une femme noire, mère et un peu assistante sociale sur les bords, excellente Halle Berry qui essaye de vivre normalement dans un Hollywood chauffé à blanc et prêt à exploser tout en protégeant ses nombreux enfants. On se concentre sur Jesse, le plus vieux des enfants alors jeune homme tranquille et non-violent qui se retrouve en conflit avec une autre jeunesse désireuse de se révolter et de venger leurs morts. Parmi eux, William, radical et déterminé. Se retrouve dans le film, un peu paumé un voisin un peu spécial mais dans le fond assez sympathique Daniel "Ollie" Craig. Plus que l'histoire, ce sont vraiment les acteurs qui se démarquent, jouant à perfection leur rôle. On apprécie tout particulièrement l'alchimie entre Craig et Berry, nous offrant l'une des meilleures scènes du film, aussi l'une des plus drôle. Le sujet n'est clairement pas un sujet facile ou heureux mais c'est avec justesse que les différents genres se mélangent. Pour autant, on craint l'égarement entre les sujets.
Au delà des acteurs, c'est bien la photographie qui impressionne, jouant sur les lumières ou les plans juxtaposés. Le rythme est soutenu, j'ai même été surpris par la durée (trop ?) courte.
Deniz Gamze Ergüven nous livre ici une très belle fresque sur la situation de personnages désireux de liberté et d'égalité emprisonné dans ce milieu caractérisée par la pauvreté et le sentiment de déclassement.