Kingsglaive : Final Fantasy XV
6.4
Kingsglaive : Final Fantasy XV

Long-métrage d'animation de Takeshi Nozue (2016)

Le Spirits Within killer n'est (toujours) pas là…

Révélé en mars pendant un événement qui annonçait la sortie, finalement repoussée de deux mois, d'un Final Fantasy XV / Versus XIII attendu depuis maintenant plus de dix ans, Kingsglaive: Final Fantasy XV avait été annoncé comme un film introduction à l'univers du futur jeu initié par Tetsuya Nomura et récupéré par Hajime Tabata. Une troisième incursion dans les longs-métrages d'animation donc, quinze ans après la sortie de The Spirits Within, et onze ans après Advent Children, pour la première fois non pas réalisé entièrement en interne mais plutôt avec une multitude de studios à travers le monde en plus du mythique Square Enix Visual Works.


Réalisé par Takeshi Nozue, qui officiait déjà en tant que co-réalisateur sur FFVII AC, Kingsglaive a ici la lourde double tâche d'introduire et d'intéresser le joueur / spectateur mais aussi le néophyte en vue de la sortie prochaine de Final Fantasy XV. Les fans de la première heure reconnaîtront ainsi de nombreuses références aux habituelles créatures de la franchise, que ce soit les chocobos, marlboros et même un octopode faisant énormément penser au génial Ultros / Orthros de Final Fantasy VI, mais aussi les différentes classes de personnages, les armes improbables, les combats dynamiques… bref, le film fait le job côté fan service sans en transpirer à outrance comme c'était le cas sur Advent Children, et c'est tant mieux.


Mais pour contenter le néophyte qui n'a pas suivi les dix dernières de la franchise (ou qui s'est arrêté à Final Fantasy X) Kingsglaive a fait le choix de prendre des têtes d'affiches récentes issues de séries américaines à succès : Aaron Paul (Breaking Bad), Lena Headey et Sean Bean (Game of Thrones) pour la version originale anglaise. Sauf que cela ne concerne que la partie doublage, la gestuelle des personnages ayant été capturée à part tout comme le scan 3D (les crédits peuvent ainsi mentionner jusqu'à trois acteurs pour la seule interprétation d'un personnage). Et c'est là que les problèmes commencent, puisque le concept d'uncanny valley, la sensation étrange que l'on éprouve face à quelque chose proche d'un humain mais qui n'en est pas vraiment un, reste à l'esprit du début jusqu'à la fin du film. Les magnifiques pantins de polygones sont ainsi trahis par une animation mollassonne des yeux, partie la plus importante pour la transmission des émotions, tandis que les mouvements des visages ne suivent pas toujours bien le ton des dialogues. Dommage donc, même si les personnages en extra dans les scènes de foule sont pour une fois mieux gérés que la moyenne des productions du genre (sauf quand un bruitage de foule qui applaudit se fait entendre alors qu'aucune foule n'applaudit en fond, y a comme un malaise…).


Ça ne s'arrange malheureusement pas avec un montage qui, malgré une image léchée avec foisonnement de particules, débris et autres imperfections pour rendre le film plus travaillé, surabuse de fondus au noir cheap du début jusqu'à la fin, comme si l'on passait de séquence en séquence sans réelle réflexion dans la transition, mettant en évidence un projet trop décousu, pourtant clairement pensé en trois actes comme mis en évidence dans les crédits de fin. Et des trois parties, on en retiendra surtout la seconde, car faisant écho à la première cinématique du jeu révélée à l'époque lors du Tokyo Game Show 2006, mais que je ne vous spoilerai pas ici. C'est néanmoins le plus intéressant des trois, car il raconte une vraie histoire en rapport direct avec le jeu, et non une sorte de quête annexe dispensable car usant de personnages jetables (le film abuse de protagonistes inutiles, et n'arrive en effet pas à créer de l'empathie lorsqu'il devrait y en avoir).


Côté musical, exception faite du fameux thème du jeu par Yoko Shimomura, on se retrouve avec un certain John R. Graham à la partition. Un compositeur surtout connu pour de la musique de bande-annonce, mais aussi pour des séries comme la récente Ash VS Evil Dead, et qui fait le job sans arriver à transcender nos oreilles malgré quelques thèmes joliment orchestrés.


En définitive, faut-il voir Kingsglaive: Final Fantasy XV ? La réponse est oui si vous êtes curieux de l'évolution de la franchise initiée par Squaresoft car, à défaut d'être un bon film, c'est une introduction intéressante au jeu vidéo à paraître le 29 novembre 2016 sur PS4 et Xbox One. C'est simple, une fois le visionnage du long-métrage terminé, on a véritablement envie de prendre sa manette en main pour s'immerger dans le monde d'Eos et suivre les aventures des vrais protagonistes principaux de Final Fantasy XV, entraperçus dans une scène post-générique aussi inutile que dispensable.


Seulement, Kingsglaive: Final Fantasy XV n'ayant ni la poésie mélancolique de Final Fantasy: The Spirits Within, ni même le côté plaisir coupable d'Advent Children, il reste un projet en demi-teinte qui ne devrait pas marquer autant les esprits que ses prédécesseurs, un amuse-bouche pour un plat de résistance somme toute attendu depuis bien trop longtemps…

Gorkab
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le 31 août 2016

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