J'ai enfin vu Kingsglaive, et pour tout vous dire, j'étais pressé que ça se termine.
Avant toute chose, je tiens à préciser que j'ai bien compris que le film est principalement à considérer comme une introduction au futur quinzième opus de la licence, ce qu'il a le mérite de faire correctement en ce qui concerne l'univers et les grandes lignes de ce dernier, d'ailleurs. Pour autant, j'estime que toute adaptation d'une licence déjà existante se doit de mettre suffisamment de clés à disposition pour que le non initié puisse s'y retrouver, lui permettant ainsi de suivre et d'apprécier l'intrigue sans passer à côté de trop d'éléments, bref, pour qu'il puisse simplement passer un bon moment devant son écran. Et force est de constater que Kingsglaive ne remplit pas haut la main cette mission à mes yeux, le film pouvant s'apparenter à un joli brouillamini pour le spectateur lambda qui n'a jamais entendu parler du prince Noctis ou du conflit opposant les nations de Lucis et de Niflheim.
Mais là n'est pas son plus gros problème d'après moi, car la principale faillite de cet onéreux long-métrage vient avant tout des difficultés qu'il rencontre pour délivrer un fond à la hauteur de sa forme, la faute notamment à un scénario assez maladroitement exposé qui s'emberlificote à force de partir à droite et à gauche et qui perd de sa teneur à force de vouloir amorcer des pistes de réflexion qu'il ne fait qu'effleurer. La faute également à des personnages assez mal mis en lumière (à l'instar de Crowe) et/ou sans grande consistance, et par ailleurs inutilement nombreux. Le constat est assez édifiant lorsque l'on vient à s'interroger sur le rôle d'un personnage censé être important à l'histoire ou à se questionner sur le sens de ses agissements, cela alors que l'intrigue approche de son terme, preuve de certains manques au niveau du character-development. Plus d'une fois il m'est arrivé d'assister l'air hagard à une réaction sortie de nulle part ou à une réplique en complet décalage avec la situation à ce moment donné.
Un contraste qui aurait pu évidemment s'expliquer si le film jouait la carte du second degré, le souci étant qu'il se veuille au contraire très sérieux dans son ton, du moins celui qu'il essaie de trouver car je n'ai pas l'impression qu'il l'ait forcément bien défini, en attestent les multiples punchlines choc dont le film est friand et auxquelles on a régulièrement droit dans ce genre de superproductions, et qui fatalement sont plus source de distraction qu'autre chose. Les quelques tentatives d'humour tombent d'ailleurs quelque peu à plat car on ne sait jamais vraiment sur quel pied danser avec un film qui gère de plus assez mal son rythme, un comble quand on sait que les jeux Final Fantasy avaient le chic pour resituer leurs enjeux après des intermèdes plus légers. Dommage, car je pense que le film avait le potentiel pour faire mieux sur ces plans, la base (univers, set-up) semblant réellement intéressante.
Sur le plan technique en revanche, il faut avouer que c'est assez impressionnant, Je prendrai pour exemple les différentes scènes de combat, bien qu'étant pour la plupart complètement gratuites et dénuées de logique (on passera sur les cameos de Ultros et de l'Arme Diamant dont la présence ne fait jamais l'objet de la moindre justification scénaristique de tout le film) valent véritablement leur pesant de cacahuètes. Spectaculaires, frénétiques, rythmées, elles ont de plus le mérite de jouir d'une mise en scène particulièrement dynamique qui font de ces moments les réels temps forts du film, qui à défaut de nous satisfaire par son scénario nous divertit par ces séquences d'action survoltée. Les fanas de films de science-fiction à grands renfort d'effets spéciaux et d'explosions en tout genre devraient être servis de ce côté.
Si je devais émettre quelques réserves, cela viendrait davantage de l'animation des personnages et plus spécifiquement de leur animation faciale. Le problème des films d'animation mettant en scène des personnages dont le rendu se veut le plus fidèle possible à la réalité vient du fait que leurs imperfections nous apparaissent bien vite monstrueuses, renforçant cette impression de se retrouver en face d'êtres désincarnés ou de marionnettes grossièrement articulées. Précisant tout de même que je n'ai pas de reproche à faire concernant les deux personnages les plus importants du film, à savoir Nyx et Lunafreya, qui sont animés de façon crédible et qui bénéficient d'un tel niveau de détail qu'on jurerait presque qu'ils sont joués par de vrais acteurs, par instants. Le problème étant que lorsqu'il s'agit de personnages pour lesquels les efforts ont sans doute été plus modérés, les postures exagérées et les mimiques singées annihilent tout sentiment de naturel, ce qui peut parfois mettre assez mal à l'aise lors de certaines situations.
Au final, on trouve un film d'animation ambitieux sur la forme, à fortiori pour un film qui est avant tout un prétexte déguisé pour accompagner la sortie de FF XV, mais qui faillit à s'extirper de cette fonction de support. Kingsglaive n'aura donc d'intérêt que pour le fan de J-RPG qui attend la sortie d'un jeu dont il a suivi le développement depuis près de dix ans. Et vu sous cet angle, je ne peux que lui conseiller la vision de ce long-métrage qui a le mérite de mettre en place le cadre et le contexte de ce futur opus de façon plutôt efficace. Voire aux adeptes de films d'action/SF qui ne cherchent rien d'autre qu'à être divertis avec de belles images. Pour ma part, si j'ai apprécié ses visuels, le film m'est apparu un peu trop hésitant et branlant pour que je puisse pleinement m'investir dans ce dernier. Et surtout, il m'a laissé avec une frustration, celle d'avoir avoir assisté à un métrage qui n'a pas su composer avec ses moyens pour satisfaire ses ambitions. Dommage les gars, c'était bien tenté, mais c'est loupé.