Les Animaniacs
6.8
Les Animaniacs

Dessin animé (cartoons) FOX, Hulu (1993)

Les Animaniacs est une série animée américaine créée par Tom Ruegger et co-produite par les studios Amblin et ceux de la Warner Bros Animation. Originellement pensée pour être la suite spirituelle de Tiny Toon Adventures (autre série à succès des années 90) la série prit un autre tournant, à la demande notamment du producteur Steven Spielberg qui souhaitait un concept et des personnages totalement originaux. Diffusée à partir de 1993 aux Etats-Unis et un an plus tard en France, elle connut un succès assez important en son temps, tant auprès des critiques que des téléspectateurs, ce qui lui valut d'ailleurs d'être l'une des premières séries à disposer d'une fanbase sur la toile.


L'une des particularités du show était qu'il était en réalité composé d'une multitude de segments bien distincts. Un épisode durait approximativement 22 minutes, et chacun d'entre eux pouvait comporter entre un et cinq mini-épisodes, pour une moyenne de trois par épisode en général. Tous ces segments avaient leur propre fonction et s'appuyaient sur un ressort comique spécifique. Si les personnages de ces cartoons évoluaient en apparence dans des univers différents, il n'était cependant pas rare d'assister à des caméos des uns et des autres, certains épisodes prenant même des allures de véritables crossovers (l'épisode "Animaniacs Stew" allant même encore plus loin en choisissant de redistribuer complètement les cartes en improvisant de nouveaux binômes).


LES SEGMENTS



  • Les frères Warner


Les stars de la série étaient évidemment les frères et la soeur Warner : Yakko, Wakko et Dot, des personnages de cartoon à l'esthétique à mi-chemin entre Oswald le lapin et Mickey Mouse. Ces derniers étaient insérés dans une réalité fictive racontant les pérégrinations de nos héros à travers les studios de la célèbre firme Warner Brothers. Si une bonne partie des épisodes se déroulaient dans notre ère moderne, il est à noter que le cadre et l'époque changeaient souvent, et les épisodes se suivant sans être liés de quelconque manière, les scénaristes de la série ont pu se laisser aller à toutes les excentricités. Les épisodes des frères Warner se rapprochaient dans une certaine mesure de l'esprit des anciens Looney Tunes, conservant le slapstick et le côté très visuel des cartoons tout en se révélant être une série animée très verbale. Les trois Warner disposaient de leur propre caractère et exploitaient un ressort comique : Yakko était la tête pensante de la bande, le plus grand, le plus âgé, le plus adepte des jeux de mots et des références adultes. Lorsque les trois étaient réunis, c'était véritablement ce dernier qui était l'instigateur de leurs frasques, les deux autres agissant alors par mimétisme. Wakko était en quelque sorte la caution "cartoon" du trio, se révélant être le plus enclin à faire usage de la violence (avec son maillet) et également le plus sujet aux grimaces et autres déformations visuelles. Un running gag consistait à le voir manger n'importe quoi pour assouvir son insatiable appétit. Dot, enfin, était la touche "féminine" du trio. Plus indépendante que Wakko, qu'elle avait tendance à materner en dépit du fait qu'elle était la plus jeune, elle s'exprimait davantage aux côtés de son grand frère qu'elle aimait suivre dans ses délires. De nature assez ambivalente, c'est peut-être le personnage avec le registre le plus libre de cette joyeuse fratrie. Son gag récurrent consistait à user de ses charmes en permanence et à tomber facilement amoureuse.



  • Minus et Cortex


Après les Warner, le segment le plus connu est très certainement "Minus et Cortex", deux souris de laboratoire dont le rêve ultime était de conquérir le monde. Enfin, celui du génial Cortex en l'occurrence, son souffre-douleur Minus n'ayant jamais vraiment conscience de la nature et de la motivation de leurs agissements. A l'instar de "Bip Bip et Coyotte", le cartoon fonctionnait selon ce schéma unique, mais l'intérêt de leur série venait de l'inventivité des scénarios et des gags. L'alchimie à l'écran entre les deux personnages était là aussi une réussite, chaque scène étant l'occasion de se divertir de leurs échanges. Leur succès fut tel qu'ils eurent droit à leur propre spin-off, même si la qualité des épisodes fut moindre dès lors qu'ils eurent quitté la série.



  • Rififi l'écureuil


Ce segment était quant à lui centré sur le personnage de Rififi (ou Slappy Squirrel en VO) une ancienne star de cartoon octogénaire quelque peu blasée d'un univers dont elle connait toutes les ficelles. Un univers où les personnages de cartoon sont considérés comme de vrais acteurs, à l'instar de ce qui avait été fait dans "Qui Veut La Peau de Roger Rabbit". L'idée étant qu'en raison de sa connaissance extrêmement pointue de l'histoire et des codes des cartoons, notre vieille dame écureuil devenait alors quasiment invincible pour ses opposants. Selon moi l'un des meilleurs segments de la série, tant en terme de variété des situations, des gags, que de l'animation. C'est d'ailleurs l'un des segments pour lequel l'effort a été le plus constant à ce niveau.



  • Rita et Spot


Les mésaventures de Rita (doublée par Bernadette Peters en VO) une chatte indépendante, sarcastique, mais mélomane, et Spot, un chien brave mais stupide, tous deux à la recherche d'un foyer. Résolument différent des autres segments, ce cartoon possédait en effet un ton plus mélancolique et se révélait très musical, étant à la base pensé comme une parodie des musicaux de Broadway. De mon point de vue un show qui aurait mérité meilleur traitement, car si deux de ses épisodes figurent parmi les meilleurs de la série, c'est probablement l'un de ceux pour qui l'effort de réalisé au niveau de l'animation a été le moins soutenu. Seulement diffusé durant la première saison, il n'aura eu droit qu'à treize épisodes au total. A regarder notamment pour les numéros musicaux (meilleurs en VO même si la VF se défend).



  • Les Affranchis


Un trio de pigeons mafieux directement inspirés du film du même nom, avec un parrain pigeon possédant les traits de Vito Corleone. Le gag étant de faire évoluer cette bande de volatiles qui se prennent très au sérieux dans un monde où les gens n'ont aucun respect pour eux. Désopilant lors des premiers épisodes, ce show s'essouffle malheureusement par la suite, perdant petit à petit le fil de son idée de départ. Reste que ce segment a eu ses bons moments et reste d'un niveau global très correct.



  • Mindy et Toubeau


Les escapades de Mindy, une petite fille en bas-âge qui avait le chic pour s'empêtrer dans des galères pas possibles, et Toubeau, un chien chargé de sa surveillance qui remuait ciel et terre pour la ramener à la maison. Le pauvre toutou se prenait évidemment d'innombrables obstacles dans la tronche au cours de ces folles courses-poursuites, malheureusement pour lui, ses actions n'étaient que rarement récompensées à la fin. Un segment qui ne fait pas l'unanimité, beaucoup de gens trouvant en effet que le pauvre chien ne méritait pas pareil sort. Reste un cartoon vraiment appréciable notamment grâce à l'inventivité des situations et des gags, et personnellement j'apprécie la critique qu'il fait de la négligence parentale. Dommage cependant qu'il n'ait pas eu l'honneur de bénéficier du meilleur soin en terme d'animation, surtout quand je vois ce que les japonais de TMS ont pu en faire dans le film "Wakko's Wish".


S'ajoutent des cartoons moins présents comme: Les Hippos, un couple d'hippopotames riches et superficiels dont les épisodes consistaient surtout à des vannes sur les gros et sur les bobos. Pas un grand cru même si l'épisode "Hercule Yakko" trône aux côtés des meilleurs épisodes de la série. Poulbot, un poulet géant qui se grimait de façon grossière pour ressembler à un humain, tout le monde n'y voyait que du feu, sauf une personne, jusqu'à ce qu'il soit démasqué à la fin. Très répétitif mais l'absurdité du concept faisait que ça marchait, ce segment a au moins eu le mérite de s'améliorer au fil du temps. Vient ensuite Minerva Mink, une zibeline femelle qui provoquait les émois de la gent animale masculine. Cartoon arrêté au bout de deux épisodes car il était considéré par la Warner comme pas adapté au public cible vu l'hyper-sexualisation de l'héroïne, qui ne fit que des caméos par la suite, ce qui est dommage car le cartoon était loin d'être mauvais. Beaucoup se souviennent des Bonne Idée, Mauvaise Idée qui mettaient en scène le personnage de Mr Squelette et qui se résument à la lecture du titre, idée simple mais tellement efficace. Pensons aussi aux étranges récits sur Randy Beaman qui faisaient intervenir un jeune garçon du nom de Colin venu nous narrer les "exploits" du dénommé Randy Beaman (sans doute un voisin ou un copain de classe) ceci avec des mots d'enfant. Sans doute le plus perché du lot. Ou encore Katie Ka-Boom, une adolescente qui dans ses excès de colère se transformait en horrible monstre provoquant la destruction des environs. Probablement le plus faible segment de la série qui aurait du rester au stade de one shot. Sans parler des nombreuses interventions des frères Warner (la roue de la moralité qui arrêtait son choix sur une morale aussi aléatoire qu'improbable, le rendez-vous poétique de Dot qui ne portait pas très bien son nom, les nombreux intermèdes musicaux, etc...).


L'HUMOUR


A l'instar d'autres shows de l'époque, Les Animaniacs se veut aussi comme une série qui multiplie les parodies et les références, au monde du cinéma comme au monde des cartoons. Ne vous étonnez donc pas de voir Bugs Bunny, Elmer Fudd, Titi ou Daffy Duck déambuler au cours d'un épisode, ou de voir une parodie de Citizen Kane ou Un Tramway Nommé Désir. La part belle est donnée à l'humour, et dans cet exercice, les auteurs se lâchent : entre les jeux de mots débiles, les calembours, les situations absurdes, les références parfois obscures, le slapstick typique des cartoons ou les moult chansons parodiques, la série possède un champ de références plutôt élargi et il est fort possible que vous passiez à côté de certains gags, sachant que comme beaucoup d'autres shows américains, certaines "private jokes" seront difficilement compréhensibles pour l'occidental moyen. Les traducteurs se sont donné un mal fou pour essayer de rendre le tout accessible sans non plus dénaturer l'esprit de l'oeuvre originale, et c'est plutôt très bien fait, même si évidemment, certaines blagues ont souffert du passage de l'anglais au français (dont le fameux "fingerprints"). Il convient d'ailleurs de saluer l'excellence du doublage français, à l'instar d'une Barbara Tissier en grande forme ou d'un Patrick Guillemin aux multiples casquettes.


L'ANIMATION


Autre particularité du show, le nombre de studios mobilisés pour la création des épisodes. Comme cela avait déjà été le cas avec les Tiny Toon, ils sont près d'une dizaine sur les quatre-vingt-dix neuf épisodes qui composent la série, ce qui lui a malheureusement nuit au final vu que tous ne sont pas du même calibre. On peut néanmoins avancer cinq studios réguliers (cliquer sur les liens):



La crème de la crème. Les épisodes des Animaniacs ne sont jamais aussi bien animés que lorsqu'ils le sont par les japonais de TMS. Qu'il s'agisse de la finesse du trait, de la fluidité de l'animation, de la coloration, du timing, du détail apporté aux arrières-plans, le studio de Tokyo n'a pas d'équivalent. Il est à noter qu'ils ont réalisé le générique et la plupart des meilleurs épisodes de la série. On les retrouve d'ailleurs sur d'autres shows comme Tiny Toon Adventures ou Batman The Animated Series.



Pas au même niveau que TMS, mais selon moi le deuxième studio le plus régulier au niveau du travail fourni. Ce que je trouve intéressant avec ce studio thaïlandais, c'est qu'il arrive à combiner les points forts d'autres studios, j'apprécie particulièrement le travail de réalisé au niveau des backgrounds. Du très solide, peut-être pas de gros point fort, mais sans réelle faille.



L'un des studios qui bénéficie de la côte d'amour la plus importante chez les fans, et c'est compréhensible au vu de son style si caractéristique. Comme vous le voyez à l'image, ces animateurs américains sont des pros dans le domaine du cartoonesque et des expressions faciales déjantées. Je regrette juste une légère inconstance au niveau de leurs contributions, notamment du côté des épisodes des frères Warner, avec notamment le fameux "Broadcast Nuisance" qui doit être l'un des pires épisodes de la série. Reste qu'ils ont réalisé une bonne partie des meilleurs cartoons de Rififi l'Ecureuil.



Souffrant un peu de la comparaison avec le trio de tête, les sud-coréens d'Akom ont pourtant réalisé un travail très honorable sur la série. C'est sûr que l'animation fait assez générique et qu'elle n'a pas la consistance de Wang ou la patte de StarToons, mais on notera plusieurs travaux de bien bonne facture de leur part, notamment sur l'épisode "A Pun for Hire" qui est à ce jour l'un des plus drôles de la série.



En général, quand on demande à des fans de cartoons quel est le moins bon studio à avoir travaillé sur ce show, Freelance est souvent cité. L'animation y est en effet souvent assez pauvre, inconsistante, manquant clairement de fluidité. On notera quelques travaux de meilleure envergure, comme sur certaines séquences d'épisodes de Rita et Spot (images 3 et 4 sur le lien) mais globalement ce n'est pas bien folichon.


LES MUSIQUES


Parmi les plus incontestables réussites du show, on trouve la partie sonore, avec Richard Stone à la composition. Le travail de réalisé à ce niveau est assez impressionnant en terme de quantité et de régularité, chaque épisode ou presque étant l'occasion d'avoir droit à un numéro musical. Et le déchet est vraiment peu présent, les auteurs s'évertuant à rendre les chansons aussi agréables à l'écoute qu'adaptées au ton de la série grâce à leur nature comique. Là aussi, la traduction française se veut de très bonne facture avec des chansons aussi bien écrites qu'interprétées. Et dans les genres, on trouve vraiment de tout : les chansons énumératives de films, de pays, de mots du dictionnaire, de présidents ou d'ingrédients, les chansons éducatives mais pas trop, qui parodient des séries TV, qui tournent en dérision l'industrie ou nos différences culturelles, ou simplement centrées autour d'un ressort comique, les auteurs ne se sont pas vraiment fixés de limites.


En résumé, Les Animaniacs est une des séries animées les plus cultes de sa génération que je vous invite à (re)découvrir afin de s'en faire une meilleure idée. Il est à ce titre assez étonnant de constater que peu de ceux qui l'ont connue à l'époque ont un souvenir très précis des épisodes, et pour cause, beaucoup des références passaient au dessus de la tête des gosses que nous étions. La série n'est évidemment pas exempte de défauts, comme le niveau relativement hétérogène des épisodes en terme d'animation dû au trop grand nombre de studios impliqués, des références qui peuvent sembler obscures pour un enfant ou datées aujourd'hui, ou à cause de son format même, avec cette multitude de segments différents et assez inégaux. Il n'en reste pas moins une série de qualité qui a su expérimenter une formule assez inédite, et que je recommande pour ses très bons moments.

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le 2 oct. 2015

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