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[ATTENTION : CRITIQUE QUI SPOIL]


Je redoutais la sortie de cette suite et la séance d'hier soir m'a donné raison. Dès les premiers trailers, les fausses bonnes idées s'empilaient : résurrection du personnage de Colin Firth, transposition de l'action aux Etats-Unis et introduction des "Statesman", les cousins américains des Kingsman... C'est comme si Matthew Vaughn était déjà à bout de souffle avant même d'avoir transformé son premier film (assez jubilatoire) en série. En général, on attend le troisième ou le quatrième opus pour ramener un personnage d'entre les morts ou pour confronter les héros à des sortes d'alter-egos tout aussi clichés.


Et cette suite, alors, elle vaut quoi ?
Boarf... Y a pas grand chose qu'on ait pas déjà vu...en mieux. La course-poursuite introductive est fun mais totalement gratuite. On sent que Vaughn voulait rassurer tout le monde dès le début en montrant que ses talents de réal étaient toujours là. Et ça, oui, c'est indéniable.
Sauf que ce flm ne manque ni de technique, ni de style dans la réal. Il manque de souffle. Et ça, ça relève d'une alchimie fine et compliquée, dépendante de beaucoup de paramètres.
Enquêtons-donc : Pourquoi "Kingsman: Le Cercle d'Or" a-t-il l'air d'une coquille assez vide et poussive ?


Pour commencer, il y a l'histoire. Vous connaissez la célèbre formule d'Hitchcock "Plus réussi est le méchant, plus réussi sera le film ?" Eh bien la grande méchante de ce "Kingsman 2" incarnée par Julianne Moore n'a rien de ce qui faisait la force et le piment du méchant de Samuel L. Jackson dans le premier volet. Son plan est une redite de celui de son prédécesseur : infecter la population américaine pour arriver à ses fins (bon, ici, elles sont économiques) et dénoncer l'hypocrisie des pouvoirs politiques.
Vaughn essaie de la présenter comme folle, excentrique et décalée, fan des années 1950 et du rétro. Mais tout ça reste très superficiel. Sa folie supposée ne la rend jamais attachante, son comportement n'a rien de décalé si on le compare aux autres méchants de blockbusters... Bon ok, ceux qui la déçoivent finissent dans des burgers mais bon, ça suffit pas à en faire un vilain aussi cartoonesque et haut en couleurs que Valentine dans le premier volet.
Pour rester dans l'intrigue, le film se déroule de manière ultra-linéaire et poussive. L'arrivée aux States des nos deux Kingsman survivants (Eggsy et Merlin) ne provoque que peu d’enthousiasme chez le spectateur tant les situations sont convenues et les effets pauvres.
Alors les Statesman, c'est comme les Kingsman mais aux USA : Du coup, ils se battent avec des lassos, portent des chapeaux de cow-boys, et boivent du Whisky... On est sur de l'humour bien balourd.
Parce que ce qui faisait le charme du premier film, c'était le fait que la classe et flegme anglais poussés à l'extrême (costumes, gadgets, manières...) se greffaient à des personnages intéressants et attachants. Là, non.
Jeff Bridges est totalement inutile et semble avoir été choisi juste pour son accent du Sud, Channing Tatum ne sert pas à grand chose non plus et le 3ème type qui se bat avec son lasso est tout juste bon à reproduire les scènes marquantes du premier opus (le bagarre dans le bar, notamment).


Mais ce qui fait le plus mal, c'est de voir comment l'esprit de "Kingsman" est malmené par ce piètre héritier, ce qui est assez étrange vu que Vaughn est toujours aux manettes.
Sérieusement, ce film est...BEAUF. On a déjà parlé du cas des ricains clichés au possible, mais c'est dans le rapport à la gente féminine que le film excelle le plus. Parce que ok, on avait eu droit à une blague graveleuse à la fin du premier film. Mais elle marchait parce qu'elle était inattendue.
Là, on se retrouve quand même avec un arc narratif qui consiste pour le héros à placer un mouchard dans l'intimité d'une jeune femme, ce qui ne semble choquer aucun des personnages. Ah, et sa princesse de copine lui rappelle qu'il aura droit à ses fesses s'ils sauve le monde.
Franchement, je me demandais presque à quel moment allaient arriver les blagues sur les prouts... Bon, on en a une sur le caca, c'est pas si mal.


Comme si tout ça était pas déjà assez lourd et convenu, on prétexte une histoire improbable pour ramener à la vie un Colin Firth qui a vraiment pas l'air de comprendre ce qu'il fait dans le film, on nous gratifie de séquences émotions assez risibles (celle impliquant Merlin, notamment), on nous fout Elton John au milieu de tout ça, juste pour pouvoir faire une blague sur son homosexualité à la fin (parce que c'est rigolo, j'imagine ?).
En fait, tout est tellement cousu de fil blanc qu'on a la méchante impression que les poncifs du film d'espionnage/d'action tournés en dérision par Kingsman premier du nom sont ici appliqués au premier degré...


"Kingsman : Le Cercle d'Or" , c'est un peu comme si Matthew Vaughn avait essayé de s'auto-convaincre pendant 2h20 qu'il était en train de répéter l’exploit du film précédent, sans jamais prendre de recul sur le contenu réel de son film. On a le sentiment d'un réalisateur dans le déni, qui fait semblant de croire jusqu'au bout que ses histoires de cow-boys, de drogue infectée et de burgers insufflent réellement de la folie et de l'extravagance à un film en vérité tiède et pantouflard. "Kingman : Le Cercle d'Or", c'est une tentative ratée de paraître cool.


Alors oui, j'ai presque mis la moyenne. Parce que malgré un rythme bâtard et lourdeau, je me suis rarement ennuyé. Parce que j'ai esquissé quelques sourires, parfois honteux, en faisant le deuil de mon rire à gorge déployée devant le premier opus. Parce que malgré l'écriture faiblarde de son personnage, c'est toujours sympa de voir Julianne Moore. Parce que même si elles sont bien moins fortes et jusqu'au boutistes que celles de "Kingsman", les scènes d'action restent assez jouissives et bien troussées. Parce que j'ai presque été attendri par le tacle absolument pas fin de Vaughn envers Trump et son administration.


Une suite bien décevante donc. Je viens de voir que Vaughn a prévu un 3ème volet pour 2019. Même si je vois souvent d'un mauvais œil les réalisateurs qui s'enferment dans des suites sans fin de leurs exploits passés, j'ai assez de bienveillance envers le monsieur pour lui accorder le bénéfice du doute. Retrouve ton univers Matthew, retrouve ce qui fait son sel et son charme. Retrouve toi.

Créée

le 21 oct. 2017

Critique lue 382 fois

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Mr_Step

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