C'est que c'est un petit malin, Matthew Vaughn. Il bat le fer tant qu'il est encore chaud. Et hop ! Une suite à son petit succès. Et donc, un Kingsman : Le cercle d'Or ultra attendu. Comme chacun de ses opus, finalement.
C'est qu'il sait y faire, Matthew. Car dès les premières minutes, il nous refile une putain de baston dans un taxi maquillé, histoire d'assurer, dans l'inconscient collectif, la filiation avec son premier né. Toute aussi dynamique, toute aussi virevoltante avec sa caméra, il l'assure, la main sur le coeur, à son audience déjà acquise à sa cause : Oui, j'ai réussi à conserver l'esprit de mon premier Kingsman, pas comme tous ces enf... qui se contentent de la répétition d'une formule ou du service minimum bien paresseux en vigueur aujourd'hui.
Ah... C'est qu'on serait presque tenté de le croire, le brave Matthew.
Si on s'arrêtait cependant à cette scène inaugurale.
Parce qu'au final, ce Cercle d'Or a tout de la bouteille d'alcool frelatée qu'on essaye de vous vendre sous le manteau ou en période de soldes. C'est râpeux sur la langue, tant le goût est loin de l'original. Et puis, ça tord quand même pas mal les boyaux, tant la déception est grande et que l'on sent la colère monter à l'idée de s'être fait escroqué.
Car passée cette séquence inaugurale hypocrite qui rassure sur ce que l'on nous a mis sous les yeux, le film se noiera dans une certaine absence d'enjeux, naviguant à vue entre les déboires amoureux d'Eggsy et de sa suédoise sodomite et la gestion des trous de mémoire d'un Harry revenu à la vie mais dont on ne sait pas, apparemment, quoi faire. Seul truc qui noiera encore un peu le poisson, une méchante qui, si Matthew l'exploite bien, pourrait en faire quelque chose.
Parce que l'idée de délocaliser la franchise aux Etats-Unis relèvera, elle, de la paresse intellectuelle. Peu de renouvellement, aucun personnage attachant, elle sera le seul prétexte pour introduire une arme super cool et en jouer quelque peu, dans une scène de bar qui voudrait faire revivre celle du premier épisode. En vain.
Et ce n'est pas la seconde moitié qui relèvera le niveau. Parce que le scénario, ultra convenu, ne s'avèrera être qu'un prétexte lourdaud afin de dénoncer, une fois encore, la présidence Trumpienne qu'elle est vilaine et que son renard mort sur la tête est méchant et très bête. Comme si on ne le savait pas déjà, Matthew... Mais bon.
Parce que qu'ensuite, il ne se passe pas grand chose à l'écran. Car vous n'allez quand même pas oser me dire que vous avez pris votre pied avec la scène du téléphérique ! Si ? Tout cela parce qu'elle se finit avec un vieux qui s'écrie qu'il n'a pas chié depuis au moins trois semaines ? Comme si Kingsman, finalement, en passant de l'autre côté de l'Atlantique, avait abandonné sa distinction et son impertinence pour enfiler, dans la droite ligne des suites purement US, les oripeaux du gros lourd et de ses blagues grasses de fin de soirée trop arrosée. De là à peiner à croire que c'est bien Matthew Vaughn à la barre de cette entreprise qui prend l'eau... C'est dire...
Et c'est ça qui devait être, par anticipation, le film le plus cool de l'année ? Que les pisse-froids rejettent donc un coup d'oeil à Baby Driver et cessent de jouer aux hypocrites, tiens...
Le reste, ce sera de l'abus de ralentis ostentatoires et gratuits, que si Zack Snyder avait été à la barre du projet on aurait encore une fois vomi puis hurlé son dégoût par une nuit de pleine lune (ou bien l'inverse). Ce sera aussi du recyclage small teuf de LA scène iconique du premier film ou encore de l'archétype de certains personnages. Sauf qu'il ne suffit pas de faire sourire sa méchante et de lui faire préparer des burgers pour l'installer comme une figure de psychopathe attractive, loin de là. Et il ne suffira pas plus de reprendre en mode low cost, et sans l'exploiter, le Spencer de Bionic Commando pour faire oublier la magnétique Sofia Boutella. Oh non.
Quant à la fin, elle n'en finit pas de ne pas finir, essayant de convoquer en vain tout ce qui faisait l'attrait du premier opus, alors que Kingsman : Le Cercle d'Or, s'est échiné à passer à la trappe, pendant les deux heures précédentes, quasiment l'intégralité de son univers. Faudrait peut être voir à rester cohérent, Matthew.
A moins que ton idée soit d'en faire une franchise ouverte internationalisée ? Parce qu'alors là, je réserverai sans doute mon billet pour voir ce que tu feras avec ton truc adapté à la française, un genre de Les Hommes du Président Macron, certainement. Parce que m'est d'avis que là, cela pourrait être fendard, ton truc, avec des barbouzes qui incendient des paillotes en Corse à la façon des Pieds Nickelés, ou bien les voir mettre en déroute une organisation underground type La France Insoumise à coups de bombes sales à l'allure de roqueforts ayant dépassé de loin la date limite de consommation.
Sûr que pour les américains, ce genre d'arme bactériologique serait le truc le plus inhumain de tous les temps.
Chiche que tu me crédites en tant que co-scénariste, Matthew ?
Behind_the_Mask, qui joue à la corde à sauter avec son lasso