Matthew Vaughn l’avait annoncé : il avait fait cette suite pour les gens qui avait adoré le premier. Qu’en est-il au final ? Effectivement, m’étant régalé lors du premier (j’ai encore cette scène dans l’église sur la rétine), j’ai passé un très bon moment face à ce second opus, même si au final il s’avérera un poil en-dessous. Il y a notamment toute cette première moitié de film, qui a vraiment du mal à mener son histoire. Après un prologue qui nous replonge dans l’ambiance en un rien de temps, le film patine. Entre l’élimination des Kingsmen, spectaculaire mais au final pas nécessaire à ce stade du film ; puis l’introduction des Statesmen, un peu mollassonne ; ben au final le film introduit un faux-rythme dans lequel on reste dans l’expectation.
Alors oui, cette première moitié continue quand même de fonctionner. Il y a plusieurs scènes très marrantes, avec cet humour décalé, ces caméos inattendus ou bien l’introduction de l’antagoniste. Mais voilà, ça ne prend que très difficilement. Notamment le personnage de Poppy, qui ne convaincra jamais vraiment même si elle fait son rôle. Ce n’est que lors de la seconde moitié,
et avec le vrai retour de Harry,
que le film va étrangement enfin décoller. Que ce soit dans l’intrigue même, que la dynamique entre les personnages ou même simplement le rythme. Ca y est, on se fait enfin transporté dans cette aventure. Sans vraiment atteindre de nouveau la quintessence du premier, le film pourra enfin dérouler et nous proposer une succession de scènes plus abracadabrantes les unes que les autres. On retrouve enfin ce côté film d’espionnage pastiche du genre mais qui s’assume complètement en s’y inscrivant.
Et arrive alors sans doute la meilleure partie du film. Non pas le final en lui-même, qui est très satisfaisant que ce soit dans la surenchère ou dans l’action même (renouant avec ce qui avait fait le succès du premier film) ; mais bien dans les messages. Car oui, Matthew Vaughn ne s’est absolument pas retenu de lancer la première véritable pique à l’occupant actuel de la Maison Blanche. C’est même tellement gros qu’on se demande si c’est bien ça, avant de se le voir confirmer dans les scènes suivantes. La conclusion de cette intrigue secondaire sera d’ailleurs jubilatoire. Mais au-delà de la critique directe, c’est le fait qu’elle fonctionne tellement bien dans l’univers du film, qu’elle est tellement une caricature et pourtant tellement vraie, qu’elle en devient géniale. Le deuxième message que j’ai beaucoup apprécié, c’est celui fait sur l’usage de la drogue. Non pas que je cautionne, ni que le film le fasse ; mais au contraire le film comprend que le monde n’est pas manichéen et que tout le monde peut être concerné par ce problème. C’est très subtil, mais c’est quelque chose qui dans un film de ce genre a toute son importance.
Le casting sera globalement bon dans l’ensemble. Bien sûr Collin Firth est toujours impérial tandis que Taaron Egerton sera étrangement toujours aussi à l’aise dans son rôle. J’ai été surpris par l’importance du rôle donné à Hanna Alström, que ce soit en temps d’écran ou bien par rapport à l’intrigue. Julianne Moore se régalera sans aucun doute dans son rôle de méchante, même si elle est largement sous-exploitée. Mark Strong restera fidèle à son rôle du début à la fin, en faisant sans doute un des meilleurs personnages secondaires/sidekicks dans le genre. Du côté des Kinsgman, Channing Tatum aura un rôle qui lui correspond plutôt bien, mais on retiendra surtout sa dernière apparence qui déclenchera un ultime fou-rire. Halle Berry et Jeff Bridges feront un taff minimum sans être mauvais, et gros coup de cœur pour Pedro pascal, dont le personnage se révelera non seulement bad-ass mais aussi intéressant.
Techniquement, pas grand-chose à redire. La musique de Henry Jackman reste toujours aussi efficace, tandis que la bande son accompagnant le film nous donnera certains moments très jouissif (une des meilleures utilisations des musiques d’Elton John). Décors et effets spéciaux seront corrects dans l’ensemble. On sent l’utilisation massive de CGI à plusieurs reprises au cours du film, mais cela accentue au final le côté un peu décalé et abracadabrant (oserai-je dire « comicbook ») du film. Quant à la mise en scène, Matthew Vaughn nous régale une nouvelle fois avec des scènes d’action immersives comme jamais (ah, ce combat final en plan-séquence) tout comme dans les moments un peu plus calmes. Il reprend la même formule que le précédent film, et ça fonctionne toujours aussi bien, même si on n’atteint pas la quintessence de cette scène de l’église dans le premier.
Bref, Kingsman : Le Cercle d’or est une suite plus qu’honnête est efficace. Certes, l’effet surprise du premier n’est plus là, et certaines décisions prises sont plutôt brutales pour l’univers ; mais dans l’ensemble ça reste au final très divertissant et on passe un très bon moment.