Au milieu des années 2010, le cinéma popcorn continue de battre son plein et de proposer tout et n'importe quoi. Cette adaptation du comics "The Secret Service" de Mark Millar et Dave Gibbons en est le condensé. Restant dans le domaine après Kick-Ass et X-Men; First Class, le génial Matthew Vaughn nous embarque dans un florilège d'action et de mauvais goût d'une générosité rare, maîtrisant le tout avec la grâce qu'on lui connait.
Car s'il ne garde du comics original que la trame principale, c'est pour mieux nous en mettre plein les mirettes avec des séquences jubilatoires par dizaines, des personnages hauts en couleur et une mise en scène comme à son habitude inventive, enchainant les tours de force comme personne. Leçon de politesse british musclée dans un pub, massacre sans fin dans une église, proposition de sodomie sincère pendant le sauvetage du monde... Vaughn se lâche et ne nous laisse que de peu de répit dans cette aventure d'espionnage hors du commun qui défonce, et de très loin, tous les précédents pastiches james bondiens sortis depuis.
Prenant comme postulat de base le recrutement par des agents secrets britanniques d'un jeune banlieusard, Kingsman nous fait rapidement oublier les Cody Banks, Alex Rider et autres Spy Kids pour proposer une péripétie drôle, fun et irrévérencieuse dont la richesse des idées n'a d'égal que la maestria de son auteur à les mettre en scène. Autour d'un casting dingue comprenant notamment la révélation Taron Egerton (vu dans Mémoires de jeunesse), les omniprésents Colin Firth et Michael Caine, Mark Strong dans un rôle à contre-emploi, Samuel L. Jackson dans un rôle de bad buy aussi absurde que mémorable et une série de guest stars amusants, le long-métrage joue avec les codes du genre pour mieux les détourner à chacune de ses séquences.
Résolument bigarré, violent et sans concession, Kingsman : Services secrets est une bouffée d'air frais dans le monde des blockbusters, un vent de folie bienvenu et maîtrisé de A à Z par un Matthew Vaughn aussi transgressif que brillant qui s'impose définitivement comme l'un des metteurs en scène les plus brillants de sa génération.