Ce que j'aime avec Matthew Vaughn, c'est sa tendance à élever le genre auquel il s'attaque au-dessus de la concurrence du moment. Qu'il s'agisse du film de gangster avec Layer Cake, de l'héroïc-fantasy avec Stardust, du film de super-héros avec Kick-Ass et X-Men: First Class, chacun de ces films proposait un spectacle rafraichissant. C'est exactement la même chose pour son nouveau Kingsman, excellente alternative au dernier 007 bien terne.
Adapté d'un comic-book de Mark Millar et Dave Gibbons imaginé pendant le tournage de Kick-Ass, Kingsman se veut un bien bel hommage au films d'espionnage des 60's, mais aussi à toute son iconographie pop et à ses figures les plus mythiques, convoquant aussi bien James Bond que Ipcress ou les folles aventures du duo John Steed / Emma Peel.
A l'aide d'une liberté de ton salvatrice en ces temps de produits calibrés et uniformisés, Matthew Vaughn va offrir à son public un délire aussi classe que régressif, frôlant plus d'une fois le mauvais goût sans jamais y sombrer. Loin d'être un simple blockbuster bourrin, Kingsman est une sorte de poil à gratter tout bonnement jouissif, illustrant avec pertinence une lutte des classes inattendue où l'idée n'est pas de remettre gratuitement tout le monde au même pied d'égalité (même si les nantis et les puissants s'en prennent plein la gueule), mais bien de s'élever non pas au-dessus de la masse, mais tout simplement de la personne que nous étions.
Si l'on pourra reprocher au film quelques longueurs et au cinéaste de rester en terrain connu depuis trois films, Kingsman fini par emporter tous les suffrages grâce à son énergie incroyable, renforcé par la mise en scène virevoltante de Vaughn et par un casting fabuleux. Tous parfaits, du jeune Taron Egerton au vénérable Michael Caine en passant par un savoureux Samuel L. Jackson et un caméo réjouissant de Mark Hamill, ils sont cependant éclipsés par la danseuse Sofia Boutella, étonnante en tueuse impitoyable, et surtout par Colin Firth, étonnamment crédible dans l'action et pétant la classe ultime par tous les pores.
Loin d'être con, irrévérencieux, drôle, classieux et réjouissant, Kingsman, à l'instar de son concurrent Mad Max: Fury Road, redonne au film d'action populaire le rang qui lui est dû, jouant admirablement avec la censure et proposant carrément une des séquences les plus marquantes de 2015.