Kingsman - Services secrets par Lucas Perrier
Après les talentueux Kick-Ass et X-Men : Le Commencement, Matthew Vaughn préfère adapter à nouveau un comic-book de Mark Millar, ainsi que de Dave Gibbons, plutôt que de donner suite à ce qui sera le pourtant très bon X-Men : Days Of Future Past, repris par Bryan Singer.
Il décide de mettre en scène une agence de renseignement britannique du nom de Kingsman, renfermant ainsi l'élite des gentlemen et de l'espionnage de sa Majesté. L'espion nommé Harry Hart va ainsi recruter un jeune doué vivant en banlieue afin de subir ce qu'ils appellent "le plus dangereux entretien d'embauche du monde" face à d'autres jeunes potentiels. Mais ce ne serait sans compter, en parallèle, les vilains agissements du milliardaire Richmond Valentine.
Si le scénario excelle parfaitement dans ce qu'il entreprend, c'est bien de garder un certain rythme constant tout le long du film sans jamais une baisse de régime. Et là où se plantait Divergente et autres productions du même genre, la phase d'entraînement des jeunes prodiges se retrouve entrecoupé de l'intrigue principale, permettant ainsi au film de faire avancer son intrigue à grands pas, sans pour autant perdre le spectateur en cours de route.
Le scénario enchaîne alors des situations comiques les plus fines, parfaitement dignes du fameux humour british, et des scènes d'action vraiment trash formant alors un cocktail étonnant mais qui fonctionne à merveille. Imaginez un peu si la classe de James Bond dégommait à tout va ses ennemis à la Jason Bourse sauce Kick-Ass, et vous obtiendrez alors ce fameux mélange absolument jouissif.
Passé ce scénario sublissime de divertissement, la réalisation de Matthew Vaughn s'avère aussi très ingénieuse dans son traitement puisqu'il arrive à rendre n'importe quelle scène de baston parfaitement lisible à l'écran, contrairement à certains de ses homologues, Taken 3 dernier en date, le tout en harmonisant chaque élément à l'écran et en proposant une réalisation ainsi que des combats originaux qui ne manquent pas de peps.
On sent bien que le réalisateur se fait plaisir et emprunte très volontiers tous les codes de ce genre des années 80 pour pouvoir encore mieux les détourner. Il y insuffle alors tout ce qui manque à tous ces films d'espionnage récemment sortis, plus ou moins réussis, à savoir ce côté fun et ludique dont on attendait de voir (ou de revoir) avec impatience sur grand écran.
Une réalisation magnifiée par une belle direction artistique, avec toutes ces couleurs flamboyantes à l'écran lors de la désormais séquence culte du feu d'artifice qui est absolument jouissive, des effets spéciaux plutôt maîtrisés et des acteurs en très grande forme. Colin Firth y incarne tout le génie et la classe anglaise qui donne ce charme au film, ce côté gentleman, Samuel L. Jackson prend un certain plaisir à jouer les gros méchants, pris d'une grande phobie hémoglobine, Michael Caine est toujours au top, comme à son habitude, et Taron Egerton se révèle à la hauteur en jeune potentiel au profil Kingsman. On regrettera cependant un certain manque de développement de certains des seconds rôles féminins, comme celui très tranchant de Gazelle, campé par la frenchie Sofia Boutella, possédant des lames à la place des jambes ainsi que le rôle de la Kingswoman interprété par Sophie Cookson, dont on aimerait bien en savoir plus sur ces deux personnages qui paraissent si intéressants. Mais ne boudons pas pour autant notre plaisir car, ô surprise, on retrouve le Jedi Mark Hamill au casting dans un rôle diamétralement opposé à celui-ci mais qui lui sied parfaitement.
Kingsman : Services Secrets est donc le film surprise de ce début d'année, que l'on n'attendait pas forcément, et qui surprend donc par son mélange de genre, tout droit sorti de la tête de ce génie britannique de Matthew Vaughn, qui rend en même temps un certain hommage aux films d'espionnage en lui donnant un sacré coup de jeune grâce à une réalisation stylisée, classe, originale et inventive, un scénario très rythmé et quasiment sans fausse note doté d'un casting parfait, chic et so british qui fait ainsi tout le charme de cette adaptation qui donne un sacré aperçu de ce que le cinéma peut donner de meilleur dans ce genre aux spectateurs. Un pur régal inventif et jouissif.