Le nec plus ultra du cinéma de divertissement en 2015, c'est indiscutablement "Kingsman", et il semble que tout le monde soit bien d'accord là dessus. C'en est même décourageant quand on cherche à parler du film, non ? "Kingsman", point de rencontre idéal entre la culture comics de notre époque (hystérique, bas du front, ricaneuse... n'en jetez plus !) et la nostalgie d'un cinéma perdu - James Bond quand il était vraiment british (l'époque Roger Moore ? Je me demande...), mais aussi "My Fair Lady", donc, et bien sûr Kubrick et son "Dr Folamour" -, ne déçoit jamais : humour efficace et (souvent, mais pas toujours...) élégant, action époustouflante, scénario offrant un point de vue pertinent sur notre époque d'addiction au digital et de préoccupation écologique, et surtout acteurs au sommet, Colin Firth en tête, quant à lui absolument merveilleux. Alors, interrogeons-nous plutôt sur la violence démesurée qui, une fois encore, est comme la signature de Matthew Vaughn : à la fois graphique (la culture comics) et hyperréaliste, elle réjouit beaucoup trop le voyeur qui est en nous pour être considérée comme "inoffensive" (... comme dans la majeure partie des blockbusters hollywoodiens), ou pour agir comme commentaire sur elle-même (ou sur le Cinéma comme chez Tarantino)... et cela me pose personnellement un peu problème ! Sauf que, et heureusement, il y a ici une scène, celle de l'église, qui s'avère remarquable car (enfin) dérangeante, une scène qui voit Vaughn utiliser son goût et son savoir-faire excessifs en matière de violence de manière politique : cette extermination réellement méchante de l'engeance républicaine et bigote américaine tire "Kingsman" tout entier vers le haut.
[Critique écrite en 2015]