Le scenario, sans originalité particulière, est servi par une structure formelle, et cinématographique qui font de ce film une oeuvre à part entière.
Pendant la guerre du Kippour, en octobre 1973, Weinraub et son ami Rousso se précipitent sur le Golan a la recherche d'Egoz, l'unité spéciale dans laquelle ils ont fait leur service militaire. Ils ne la trouvent pas mais rencontrent Klauzner, un médecin qui cherche a rejoindre la base aériene de Ramat David. Ils décident alors, de leur propre chef, d'intégrer une unité de secouristes de l'armée de l'air.
Les images du films, quasiment en bichromie, (vert et rouge) parti pris du réalisateur contraignent le spectateur à se porter au niveau du végétal, dans lequel se meuvent des treillis, et autres camouflages militaires, les notes de rouge sont ici le sang, mais également les sièges de l'auto, au début, les fauteuils de l'hélico, mais également les fauteuils de la salle de repos.
Et ceci bien que le fil ouvre sur une oeuvre que l'on voit se créer lors des débats amoureux sur le lit où sont versées des teintes de diverses couleurs. Ces ébats créent dans le mouvement des corps, des figures abstraites et éphémères, dont la symbolique s'avère très forte.
Une allégorie de la création biologique ? une gènèse ?
On retrouve d'ailleurs, une scène analogue, à la fin du film dans un environnement végétal, avec des nuances de couleurs qui tranche avec le corps du film.
La musique, discrète, efficace, lancinante avec quelque intonations heureuses, est de l'excellent saxophoniste de Jazz Jan Garbarek, contraste avec le ton monocorde récurrent des rotors des hélicos.
Enfin il convient de souligner le dialogue des De Rousso et Weinraub dans l'auto au début où il est fait référence intéressante au philosophe d'origine juive Marcuse pour qui, La répression du désir inhérente à toute culture (par le principe de réalité soumis aux exigences sociales ) est allée au-delà du nécessaire pour répondre à de faux besoins (principe de rendement, faux rêves de la publicité). Elle engendre une sur-répression qui réveille, accumule et détourne la destructivité des hommes, et donne ainsi au principe de Nirvana une dimension mortifère, qui menace l'humanité tout entière.
Ce film, outre les image, à revoir ne manque pas d'acuité et de sagacité.