Alors qu'un policier part à la retraite, il apprend que sa fille unique, âgée de 25 ans, est non seulement enceinte, mais qu'elle désire se marier avec un employé de la banque où elle travaille. Ce père tortionnaire et sévère, qui fait régner la terreur dans sa famille, accepte du bout des lèvres, mais sous des conditions extravagantes qui vont faire vivre l'enfer à ce nouveau couple, ainsi qu'à son épouse.
De manière ironique, Kisapmata est sorti aux Philippines le jour de Nöel (1981), sans doute pour coller à l'histoire du film, qui se déroule de manière chapitrée (un peu plus d'un mois, de mi-Novembre au 20 Décembre). Où l'annonce d'une grossesse et d'un mariage devrait être un mariage mais ça va être l'enfer pour ce couple joué par Charo Santos-Concio et Jay Illagan.
Je dirais même que le drame est parfaitement tenu par Mike De Leon, car je préfère prévenir, c'est très noir, aussi bien par la conclusion que par les thèmes traités, notamment du comportement toxique du père, ainsi que par la mère, qui est complètement soumise à son mari au point de se faire frapper, mais est complice d'un soupçon d'inceste, qui va s'avérer réel. D'où le fait qu'on comprend qu'il veuille garder sa fille sous son aile, jusqu'à proposer à son gendre une dot, mais qu'ils habitent tous ensemble sous le même toit, ce que le jeune homme refuse.
Ce drame est filmé de manière très classieuse, avec des plans extérieurs sur la maison qui est éclairé comme si le mal habitait ici aussi. Tiré d'un fait divers qui a choqué en son temps le pays, Mike De Leon signe à la fois un film âpre, dur, métaphore de la situation politique des Philippines en ce temps-là, on en sert la gorge nouée devant tant de noirceur.