Un film hollywoodien qui contient le mot fuck a tendance à s’octroyer de ma part un capital sympathie plus haut qu’à l’accoutumée. Y ajouter un plan de sexe féminin (même si sa propriétaire est morte) et la poitrine d’une Michelle Monaghan à ses débuts n’est pas non plus déconseillé : Kiss kiss bang bang s’amuse et le fait avec une petite insolence qui fait du bien.
Polar improbable sur le modèle de Sex Crimes, le récit souffre de cette surenchère qui contribue à ce qu’on n’attache plus grande importance aux révélations ou twists à répétitions. De la même manière, les scènes d’action qui mêlent comédie et coïncidences improbables divertissent de façon assez éphémère.
Mais le dilettantisme avec lequel on s’immerge n’a d’égal que celui avec lequel on nous sert la soupe : le trio d’acteurs, qui ne craint pas le ridicule, s’amuse avant tout. Voir le futur Iron Man se prendre des branlées parce qu’il a cru pouvoir menacer les quidams comme dans les films est assez réjouissant, tout comme le personnage de gay de Kilmer ou d’actrice ratée de Monaghan. Certes, Downey Jr. Cabotine comme à son habitude, et la coolitude généralisée est presque aussi fake que les ressorts de l’intrigue.
Celle-ci va jusqu’à une transgression narrative permanente, le personnage de Downey Jr. faisant aussi office de narrateur parfaitement conscient de s’exprimer par le biais d’un film, et à des spectateurs. C’est par instant lourd, à d’autre assez drôle : retours en arrière, vision de la pellicule, prise à parti du spectateur et clins d’œil méta sur les lois du genre ponctuent ainsi le récit qui, par cette pirouette, peut excuser certaines de ses faiblesses. Dead Pool ne fait pas autre chose… mais a la prétention de se croire novateur sur ce terrain.
Pour son premier film, Shane Black s’en tire avec les honneurs : une distinction qui lui vaudra d’être dévoré par le système en réalisant Iron Man 3… avant de retrouver sa petite fougue comique dans son récent Nice Guys.
(6.5/10)