Shane, l'homme des Val éperdus
Kiss Kiss Bang Bang, voilà comment Pauline Kael définissait en son temps le cinéma hollywoodien... Voilà aussi comment débute à la réalisation celui qui fut en son temps le scénariste le mieux payés des studios, Shane Black, auto-proclamé enfant terrible d'Hollywood.
En revoyant le film, une grande partie du charme de la première vision s'estompe, et les défauts se font criards : un rythme un peu trop hystérique, un scénario agréablement alambiqué mais souvent idiot, du glauque gratuit et superfétatoire (sérieusement, le père pédophile n'est pas du tout dans le ton), et deux ou trois passages en aparté qui sont, comme d'habitude, au mieux inutiles et au pire fatigants.
Constamment en roue libre, Shane Black propose des dialogues qui alternent entre le très bon et le complètement raté, oubliant qu'un bon mot n'est jamais bon en soi mais nécessite de maîtriser aussi le rythme du film dans lequel il se trouve.
Après, les bons côtés du films résistent heureusement au second visionnage : Robert Downey Jr. commence alors sa résurrection en incarnant très agréablement le brave type sur lequel toute l'intrigue tombe dessus sans crier gare, et, surtout, Val Kilmer, un autre visiteur des limbes d'hollywood, excelle dans le rôle du "Gay Perry", détective privé particulièrement savoureux, et sauve pour beaucoup ce qui reste une sympathique comédie policière.