Qui voilà ? Un connard, un saint, un dieu.

...ça peut être n’importe qui, en fait. Même Hitler.
Mais je parle ici de Bruce Wayne/Patrick Bateman qui remet son costard hors de prix et son expression indifférente à jour et le voilà qui erre perdu dans une existence riche et fabuleuse, sans apparaître à lui-même comme tel.


Ce film développe une sensation étrange : celle de se sentir à la fois proche du personnage tout en ressentant une distance troublante qui nous en sépare, car on a accès à ses pensées mais ce ne sont que de vives bribes de pensées, comme si le personnage ne se connaissait pas lui-même. Ce qui est en effet le cas : il a le sentiment de vivre une vie qui ne lui appartient pas.


La trame narrative repose sur des souvenirs épars qui s’enchaînent avec une multitude de plans (certains ne servant clairement à rien si ce n’est ajouter une ambiance particulière).
La caméra est presque toujours en mouvement et cadre de manière inhabituelle Rick (bruce/patrick) si bien qu’on a l’impression d’être présent à côté de lui et d’avoir assisté à cette scène personnellement, ce qui renforce l’impression de souvenir.


Quelques plans ressemblent à un trip au LSD : quand tout a plus de dimensions et commence à ressembler à un rêve surréaliste où se côtoient poésie, questions existentielles, morosité et que tu te sens au-delà de tout ce qui se passe autour de toi même quand cet « autour de toi » est la fête infinie.


Les personnages parlent peu : bribes de paroles profondes et fragments de pensées.
Sont-ils complètement détruits ? Ah non, le réalisateur veut aussi mettre en avant leur coolitude.
"Tu sais je connais beaucoup mieux le monde que la plupart des gens. Depuis que j'ai pris des drogues, j'ai vu plus de couleurs."
Ok, les bribes de pensées permettent aussi de se poser des questions.
Je sais qu’il est fatiguant de réfléchir et qu’il est facile de se laisser habiter par des réflexions qui semblent si évidentes au départ si bien que pour se donner de la profondeur quand on manque d’inspiration, ces phrases finissent par se répéter jusqu’à devenir une pensée automatique qui ne ressemble plus à rien. " Qu’est-ce que je fous là. " " Mon destin est ailleurs. " " Pourquoi. " " La vie. "
Tu sais que ce que tu vis en ce moment n’est qu une étape. Tu te dis qu’après il y aura une autre étape, puis une autre jusqu’à ce que ta vie ressemble à celle que tu mérites enfin. Mais si au bout du compte ta vie était juste un enchaînement de ces étapes sans répit, que tu n’en voit plus le bout et qu’au final sans t'en apercevoir, tu n’es plus qu’un étranger à toi-même et il est trop tard.
Tout ça pour dire qu'être assez riche et beau pour se taper des nanas haut de gamme, c’est relou.
L’insatisfaction perpétuelle.


Conformément à l’image qu’il donne, j’ai trouvé le film assez grand public car : 1) ça fait très réalisateur connard d’iconoclaste qui plaît à cancouille, 2) y a une natalie pour plaire à la biche 3) l’esthétisme pour tous les élèves d’école d’art 4) le côté hyper introspectif pour les gens qui se posent des questions existentielles, c’est-à-dire tout le monde.
5) re-esthétisme : C’est beau.


On a droit à une vingtaine de plans sous l’eau, le décor de la mer, des paysages brumeux, une décapotable et des femmes aux cheveux au vent, des nymphes nues gambadant, image d’insouciance et qui sent bon la liberté. Manquait plus qu’une jeune femme mouillée sous une pluie torrentielles et on aurait eu tous les paysages lyriques au possible.
Sinon y a aussi ce cliché du mec qui veut une vie rangée avec une fille douce (natalie portman tiens donc) et qui passe sa vie d’insouciance avec des meufs au yeux charbonneux.


Des saveurs sans surprise, donc.

Noodlle
4
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le 19 août 2016

Critique lue 130 fois

Fanny M

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