Lové dans une bulle extravagante, Rick navigue à vue, plongé dans un univers emplit de beauté et de confort dépassant l’entendement. Perdant le sens de la réalité, sans point de repère, plus capable d'apprécier ce qui l'entoure, Rick va se muet en spectateur, avec nous, de sa propre vie.


Il nous invite, comme déjà mort, tel un fantôme à travers sa propre odyssée, à être témoin du gouffre dans lequel il s'est perdu, comme emprisonné. Lassé, fatigué, il est pourtant incapable de détourner le regard face à ces "odalisques" plastiques d'exceptions interchangeables (Natalie Portman, Kate Blanchette ou Imogen Poots), évoquant les sillons d'un homme qui cherche son chemin mais qui tourne en rond dans un royaume dont il croit contrôler les atours mais qui finalement se joue de lui.
Bien que subjugué, voire même hypnotisé par sa propre vie, Rick se sait prisonnier, incapable de sortir des dédales d'un labyrinthe chaque jour plus grand et nébuleux pour lui. C'est en silence qu'il nous montre le chemin parcouru, ses doutes, sa quête de sens et tente de nous faire partager, avec toute l'authenticité des moments qu'il a choisi de nous monter, comme il est difficile de se sauver de soi-même.


De notre côté, impossible de ne pas être prit au jeu. La maitrise incontestable de Terrance Malick pour la mise en scène et la gestion de ses acteurs explose nos sens, on est happé, hypnotisé à notre tour. Au début ébloui, submergé voire déboussolé par une telle maitrise de la caméra, il nous faut nous aussi réussir à trouver quelle est notre place à travers le récit, reprendre pied et avancer avec lui. C'est une expérience d'exception.


C'est pour ce genre de rendez-vous unique que pour ma part j'aime le cinéma.


On peut reprocher bien des choses à Terrence Malick, c'est vrai, mais on ne peut lui enlever sa singularité, sa puissance et sa maitrise qui repousse les limites du genre et transcende le cinéma dans sa modernité la plus totale, dans le bon sens du terme.
De "Days of Heaven" à "To the Wonder", Malick le persévérant s'engouffre encore un peu plus loin dans son art devenu bien singulier et touche du doigt, effleure, la perfection. Sa perfection.
Il est rare de pouvoir être témoin d'une apothéose. Lorsque, le film avançant, on découvre que l'on participe là à une consécration. Lorsque au détour d'un plan, d'un regard, on rencontre le réalisateur lui-même, se confondant avec son acteur, se conjuguant lui-même avec son histoire. L'intimité empreinte de cette pudeur subtile, l’authenticité poignante qui nous est rendus, reste pour moi une expérience unique.


Alors je remercie Terrence Malick pour sa franchise et ce film unique qui restera pour moi un témoignage fort, une pierre à l'édifice dans l'histoire du cinéma.


Merci.

FlorentPrieux
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le 29 juil. 2016

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