Avec "The Strangers" on passe par toutes les émotions ! Car ce film rare a la particularité d'être un vrai spécimen de schizophrénie.
De la comédie à l'horreur, ce thriller ésotérique vous invite d'abord à sourire, pour les réactions et les situations décalées dans lesquels des personnages aux comportements incongrus déambulent tels des automates bien organisés. Loin des préoccupations et de l’ampleur du réel.
Puis vient la curiosité sérieuse de la situation, Elle est collective : vous d'abord, les personnages ensuite.
Le doute même, le doute de tout :
- Des personnages : car on se demande longtemps, se prenant au jeu de l'enquête, s'ils seront vraiment capables de résoudre l'affaire.
- Du sujet : mais où diable sommes-nous ? Car les lieux jouent leurs rôles eux aussi. Étouffant, lugubre, faussement banal, grandiose ou mystérieux, jamais vous ne connaitrez le confort d'un point de repère stable ou fort. Le temps, les lumières, les angles, tout est en perpétuel mouvement.
- Du sens de l'histoire : mais que veut nous raconter le réalisateur ? Alors pour ce point, je vous laisse vous faire votre propre idée.
Vient alors l'angoisse. Parce que les solutions tangibles au départ, on y croit ! Mais ce sera de courte durée... Car enfin l’inquiétude, la stupeur d'un rythme qui change déroute : si l'histoire et les personnages restent dans un premier temps innocents, débridés et presque peu sérieux, vous serez pris au piège comme nos protagonistes lorsque le virage brutal viendra.
C'est deux heures trente d'une violence inouïe pour les sens ! Une "ballade" où on en prend plein la vue, plein les émotions, plein la tête.
J'ai rarement eu l'occasion de me faire surprendre à ce point. Quand le génie se dissimule si bien derrière un récit anodin, derrière un projet qui finalement se joue de nous.
On croit au pamphlet, au mauvais gout par moment, en tout cas au polar exacerbé d'un réalisateur excentrique mais c'est bien plus et même bien plus encore que tout ça à la fois.
Car il y a vraiment du génie dans ce film, un mélange des genres maitrisé sans fausse note (ou presque) d'un virtuose qui sait tout dire en une phrase, tout dire en un film.
On pourra reprocher une fin Lynchienne un peu trop nébuleuse et un drama pas toujours de bon ton si l'on veut être difficile.
En tout cas, cher lecteur, si vous entrez ici, n'ayez pas peur d'être chahuté, car il n'y aura nul repos ou certitude que vous puissiez utiliser pour vous défendre au cours de votre projection.
Bonne claque à vous !