American Psycho
Knight of Cups raconte l’histoire d’un prince qui part à la recherche d’une perle. Malheureusement, sa jeune couronne vacille, son esprit se fissure et son identité disparait. C’est la dépression...
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le 26 nov. 2015
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C'est toujours assez idiot et réducteur de qualifier un film en deux mots. Même en trois, et surtout quand on parle des films de Terrence Malick. Ce monsieur a l'art de l'ésotérisme mystique, des initiations dionysiaques chrétiennes. Allez résumer la Bible en trois mots vous !
Depuis the Tree of Life, Malick semble résolument opter pour un cinéma chrétien. Il confirme avec Knight of Cups. A mon grand désarroi... Il serait très stérile de réduire son film aux considérations religieuses qui en font sa trame. Mais bon dieu, je crois qu'il a réussi à placer toutes les notions philosophiques des Evangiles et de l'Ancien Testament en 2 heures ! Amour, amour et amour, résurrection, pardon, miséricorde, sacrifice, rois d'Orient, exil, etc. Tout y est ! Et quel ne fut pas mon désappointement quand il a ajouté un huitième chapitre : sept chapitres et on avait le chiffre biblique par excellence ! Bref, vous voyez, le prisme religieux rend la critique stérile.
Alors qu'il y a de bonnes intentions ! Mais à vrai dire, on ne saurait trouver de réelle structure, autre que le religieux dans Knight of Cups. Tout repose sur la déambulation spirituelle de Rick(Christian Bale) à travers ses femmes et ses amours, ses déconvenues avec son père ou avec son boulot. Il semble poursuivre un chemin vers le bonheur (assez maladroitement retransmis dans les métaphores visuelles, comme les errances dans la sierra, le désert ou la plage), une quête spirituelle que la fable originelle, où la perte d'identité est maîtresse, structure. On regrettera un peu de la faible redondance de cette fable, assez poétique pour être répétée ou au moins évoquée plusieurs fois dans le film, et qui semble assez vite oubliée (à moins que je ne l'ai pas perçue par la suite...)
Au-delà de ce manque assez flagrant d'originalité dans la structure, je conserve un plaisir particulier à observer la caméra de Malick. Je la trouve souvent trop rapide, assez décousue. Avec The Tree of Life, il prenait son temps; la lenteur était appréciable et rehaussait le discours proprement religieux. Ici, elle est épileptique, elle ne tient pas en place : on aimerait qu'une scène dure plus longtemps, par la beauté du cadre et des couleurs, les contre-plongées qui donnent toute sa grandeur au monde. Mais Malick choisit de la faire avorter : il naît une sorte de malaise dans sa façon de monter son film. On a l'impression qu'il n'est content d'aucun plan, et qu'il expédie les trois quarts de son film dans un zapping interminable. Mais peut-être est-ce pour se délecter de cette ultime partition : la dernière partie, "la Liberté", dévoile enfin la lenteur de l'objectif. Les paysages défilent au ralenti, dans un temps arrêté : le huitième jour, le Seigneur se reposa. Une sensation d'apaisement vous envahit, comme si le tremblement de terre initial n'avait jamais existé, et laissait place à un nouvel ordre, un nouvel agencement tectonique, une harmonie précaire mais qui commence à nouveau. On ne s'étonnera donc pas que le film se termine, dans la plus grande veine d'Ionesco, par "Begin." La résurrection christique (oh merde, "Christ"ian Bale !) est accomplie.
Le casting pourtant prometteur n'ajoute pas grand chose au film... Antonio Banderas est très furtif, Natalie Portman pleure comme dans Star Wars, Cate Blanchett est peut-être la plus intéressante. Mais on ne peut pas dire que le jeu d'acteur soit le pilier du film : ils passent leur temps à marcher pensifs, à courir sur la plage, à se rouler dans des draps ou à boire.
Création peu originale, mais esthétique toujours intéressante malgré une tendance au zapping, Knight of Cups n'est pas le meilleur film de Malick. J'espère donc qu'il va aller hiberner une quinzaine d'années pour nous pondre un nouveau style cinématographique...
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Créée
le 30 nov. 2015
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