Dans le cercle magique...

"Knightriders" est l'histoire d'une communauté itinérante de marginaux, qui vivent de spectacles médiévaux où des motards s'affrontent sur le modèle des joutes médiévales. L'unité de groupe se fait autour du roi William (Ed Harris) et de la reine (Amy Ingersoll). Mais Billy ne veut pas seulement gagner sa vie : il veut suivre un idéal proche de la table ronde, et il souffre que son spectacle soit pris pour un "evil carnival", un spectacle dark metal. A cela s'ajoute bien des tensions dans la troupe : un imprésario essaie de s'imposer ou de débaucher de bons éléments ; un shériff pourri persécute William ; l'argent se fait rare, et le public décevant.

Des motards qui se battant avec des lances... Si ce n'était que cela, se serait déjà bien. Mais le film va plus loin. Les relations entre les personnages sont complexes ; l'ambiance chaleureuse de la troupe est bien rendue ; Ed Harris, Tom Savini et Gary Lahti sont d'excellents choix de casting. Les scènes de combat sont efficaces, quoiqu'assez répétitives (comme dans les chansons de geste, du reste). Les scènes de moto, à travers la belle campagne américaine, sont très bucoliques et font penser à "Easy Rider". Comme dans ce film, d'ailleurs, les autorités sont assez stupides et bornées et la bande-son est très belle : on songe à des groupes progressifs comme "Jethro Tull" ou "King Crimson" par moments. Ha, et il y a des jolies filles, à commencer par la jolie Patricia Tallman. ^^

Le contenu social est là : critique du star-system, à travers l'impresario onctueux et veule ; critique de la société de consommation (hilarante scène de bagarre dans un Macdo où la serveuse tient le compte de tous les menus gâchés par le policier qui se fait tabasser). Mais pour une fois, il y a aussi une ambiance un peu mystique et recueillie : j'aime bien cette scène où Harris quitte le camp après avoir perdu sa couronne, mais est suivi de loin par un chevalier indien silencieux, qui veille sur lui mais ne pourra pas empêcher le destin d'arriver.

Bref, un film à la fois contestataire et poétique, qui gagne à être connu.