Boogie Knights
Albert Pyun, dont le combo univers post-apo + Jean-Claude Van Damme sorti en 1989 sous le titre de Cyborg grava le nom dans le marbre de la légende du nanar, eut quelques années plus tard l'idée de...
Par
le 7 mars 2017
5 j'aime
2
Albert Pyun, dont le combo univers post-apo + Jean-Claude Van Damme sorti en 1989 sous le titre de Cyborg grava le nom dans le marbre de la légende du nanar, eut quelques années plus tard l'idée de remettre le couvert. Même univers, une terre ravagée par quelque pandémie ou cataclysme nucléaire ; mêmes créatures emblématiques, ces robots à l'apparence humaine ici appelés cyborgs (ce sont en réalité des androïdes, les cyborgs étant des humains à l'anatomie robotisée) ; même scénario, des gentils luttant pour se soustraire au joug des méchants. Il en résulta ce Knights, baptisé Les Chevaliers du futur en français. Sans être la suite du JCVD, ce nouvel opus du sympathique réalisateur hawaïen s'inscrit clairement dans le même univers.
Job, le cyborg en chef, exerce sur un désert aride et des hauts-plateaux désolés son impitoyable autorité. Sa petite armée de sbires traque les rares humains qui subsistent dans les parages, car leur sang leur sert de carburant. Un beau jour, une jeune femme, Néa, tente d'échapper à son destin en résistant. Sur le point d'être abattue, elle est sauvée par Gabriel, un combattant hors-pair. Ce dernier s'avère être lui aussi un cyborg, mais gentil : après s'être rendu compte de son erreur d'avoir créé des êtres si méchants, le grand Manufacturier a en effet créé ce justicier de métal afin de réparer ses torts. Gabriel devient donc l'entraîneur de Néa, afin d'en faire une combattante capable de vaincre les cyborgs et libérer ses congénères de leur peu enviable condition. Après cette nécessaire phase d'apprentissage, l'ultime confrontation entre la guerrière blonde et le repoussant robot constituera évidemment le climax du film, dont je me garderai bien de vous dévoiler l'issue !
Nanar quasi-ultime en ce sens qu'il allie un jeu d'acteurs médiocre, un scénario bidon et une réalisation désastreuse, Knights se savoure avec autant de plaisir que son aîné Cyborg. En ce qui concerne les acteurs, Lance Henriksen (qui interprète Job) signe une performance grotesque, tout en surjeu et en cabotinage ; la championne de kickboxing Kathy Long (Néa) fait bien le boulot dans les nombreuses scènes d'action ; et enfin Kris Kristofferson (Gabriel) assure le strict minimum syndical. Triste destin que celui de ce grand chanteur de country, promis à une brillante carrière d'acteur après ses débuts remarqués avec Sam Peckinpah (Pat Garrett et Billy le Kid, 1973) et Martin Scorsese (Alice n'est plus ici, 1974), et fauché en plein vol par le désastre de La Porte du Paradis, le western maudit de Michael Cimino qui signa en 1980 la fin de son heure de gloire, la faillite de la United Artists et la mort du Nouvel Hollywood... On voit bien, pourtant, qu'il est le seul acteur digne de ce nom au casting, mais il s'en fout complètement, surtout à partir du moment où son personnage, atteint par une roquette, devient un cyborg-tronc inutile... (!)
Niveau scénario, pas grand-chose à reprocher à ce nanar, qui après une brève introduction alors que Néa est enfant, passe rapidement à l'essentiel, à savoir l'apprentissage et la baston, sans omettre de distiller quelques bribes d'informations sur les motivations des personnages afin d'enrober le tout d'une mince couche de crédibilité. Enfin, la réalisation est particulièrement chaotique, Albert Pyun laissant traîner sa caméra un peu partout sur les sols caillouteux, et donc inégaux, du Far West. À ce propos, le principal intérêt du film est sans doute la publicité massive faite aux parcs nationaux emblématiques de l'Ouest américain (le globe-trotteur attentif reconnaîtra sans peine Monument Valley, Arches, Canyonlands et le Grand Canyon), malgré la laideur des multiples filtres de couleur posés devant l'objectif...
Voilà. Au final, ce superbe nanar, très représentatif de la mauvaise moitié des années 1990 (celle qui suivit immédiatement les années 1980...), passe comme une lettre à la poste. Et comme, après avoir effectué quelques recherches pour écrire cette critique, je découvre que Pyun a commis en 1997 un film intitulé Omega Doom (avec Rutger Hauer !) considéré comme le troisième volet de sa trilogie cyborguesque, je vous dis à bientôt pour la suite !
Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes Les meilleurs films de 1993, Double schlack ! et Les meilleurs films avec Kris Kristofferson
Créée
le 7 mars 2017
Critique lue 450 fois
5 j'aime
2 commentaires
D'autres avis sur Knights - Les Chevaliers du futur
Albert Pyun, dont le combo univers post-apo + Jean-Claude Van Damme sorti en 1989 sous le titre de Cyborg grava le nom dans le marbre de la légende du nanar, eut quelques années plus tard l'idée de...
Par
le 7 mars 2017
5 j'aime
2
Dans le futur, l’Apocalypse a un air de Mad Max avec moins de sable et plus de cables. Des tribus d’humains survivent comme ils peuvent, pourchassés par des cyborgs qui ont besoin de leur sang pour...
le 9 janv. 2020
4 j'aime
2
Du même critique
Étonnant... Je viens de voir ce film qui s'intitule La Tour sombre, mais qui n'a rien à voir avec l'excellentissime série de romans de Stephen King... Et pourtant, j'ai bien cru voir le nom de...
Par
le 18 oct. 2017
27 j'aime
6
La Main au collet est la preuve indiscutable qu'autrefois, la Côte d'Azur n'était pas bétonnée... Qui l'eut cru ? Tourné durant l'été 1954, le vingtième film américain d'Alfred Hitchcock, qui s'ouvre...
Par
le 3 mai 2017
26 j'aime
12
Un film qu'on pourrait qualifier de jeunesse, bien qu'Alfred Hitchcock eut alors près de 40 ans, tournât son seizième long-métrage parlant et s'apprêtât à quitter son île natale pour les États-Unis...
Par
le 4 avr. 2017
25 j'aime
10