D’emblée disons-le ! Mais précisons, pour ne pas assister à une levée de boucliers, que seul le point de vue artistique prime ici et qu’il n’y a aucune once de racisme là-dedans ; surtout vis-à-vis d’un excellent comédien comme Omar Sy. D’ailleurs, on ne peut pas dire non plus qu’il soit mauvais dans « Knock ». Mais quelle erreur de casting, le comédien n’est pas du tout à sa place dans ce film!!! Le fait qu’un acteur noir incarne un médecin venu de nulle part dans la France profonde des années 50 nous apparaît totalement incongru et donne aux deux heures que durent le film une impression étrange et désagréable. Comme si tous les comédiens qui lui donnaient la réplique ne se rendaient pas compte de la bizarrerie de la chose. Car recherche faite, nos aînés français, s’ils n’étaient pas profondément racistes, se méfiaient fortement des personnes de couleur dans les années cinquante voire soixante. Encore plus dans la France rurale et peu cultivée. Et là, vu l’accueil chaleureux et la quasi absence de mention faite à la couleur de peau dudit médecin par les autochtones, toutes les scènes semblent sonner faux et à raison. On a beau adorer Omar Sy, là ça ne va pas du tout et ça rend le film ridicule. Un peu comme quand Ridley Scott prenait des acteurs blancs et caucasiens pour jouer des égyptiens dans « Exodus ».
Au-delà de ce premier gros défaut, « Knock » pêche par excès de tonalités et le mélange des genres entre analyse sociale de l’époque, chronique campagnarde, satire de mœurs, comédie franchouillarde et, in fine, une louchée de drame passe mal. Surtout pour ce dernier genre, après la première heure et demie de projection qui hésite entre sérieux et gaudriole, difficile de nous faire ressentir une quelconque émotion. Certains comédiens sont beaucoup trop en roue libre (Sabine Azéma aïe !) et quelques gags sont tellement lourds et foireux (les pires comédies potaches à l’américaine n’ont pas à rougir de honte devant celui de la diarrhée proposé ici !) que l’on hésite entre malaise et hallucination parfois. Ajoutons à cela des situations improbables voire impossibles, dont la plus énorme est sans conteste de réussir à soigner des malades sans aucune notion de médecine et on peut contempler la nature du désastre.
Cependant et paradoxalement, il n’y a pas que du mauvais dans « Knock », la reconstitution de la France des années cinquante est propre et ne tombe pas dans les clichés excessifs et les images d’Epinal. Le long-métrage de Lorraine Levy peut assurément assurer sa caution de film du terroir à tendance nostalgique sans que cela soit cette fois une critique. Qui plus est on ne peut nier que certaines répliques sont bien trouvées et mises en bouche. Et quelques rôles sont bien campés par des acteurs bien à leur place, on pense notamment à Hélène Vincent en veuve riche et altruiste et au curé campé par Alex Lutz qui n’en fait, lui, jamais trop. En somme, la projection n’est pas vraiment désagréable mais on ne peut pas dire pour autant que « Knock » soit réussi ou se laisse regarder. Non, cela reste un film tristement raté.