La parabole inconsciente de Knock at the Cabin est des plus transparentes : car si M. Night Shyamalan met en scène la carrure toujours aussi imposante de Dave Bautista à l'écran, c'est lui, en réalité, qui parle et fait irruption dans notre for intérieur pour nous implorer de croire en son histoire.
C'est qu'il a pas mal à se faire pardonner, le bougre, depuis Glass ou encore Old, qui ne tenait jamais la distance de son mystère en se contentant de faire évoluer des hamsters en cage dans un scénario qui voulait jouer au gros malin... Tout en étant issu de l'imagination d'un petit bourgeois qui s'encanaille en criant haro sur les vilains big pharmas.
En 2023, Manoj Night Shyamalan fait acte de contrition, en renouant avec une certaine épure et, ouf de soulagement, de véritables personnages.
Ainsi, la plage de Old laisse la place à un décor forestier bien plus réduit, qui prend à rebrousse-poil le principe du genre home invasion et ne s'évade que le temps de quelques courts flashbacks. Tandis que l'on est immédiatement embarqué par les doutes émis, puis par la description de l'urgence d'une apocalypse dont les visions (soit des révélations dans une optique spirituelle) prennent vie et sont relayées par une télévision qui devient folle dans sa représentation de la seule fenêtre du film sur l'extérieur.
Et la folie sectaire tendance millénariste de céder la place à autre chose. Et revenir, dans le giron du réalisateur, à un dispositif proche de son formidable Signes, qui aurait été croisé, voire hanté, avec les Prédictions du porté disparu Alex Proyas.
Si certaines figures mettront immédiatement sur la voie du propos de Shyamalan, celui-ci est cependant constant dans les thématiques dont il ne cesse d'emprunter les chemins. Car il sera encore question de foi et de croyance et de l'avenir du monde qui dépend de tout cela, dans une alternative voisine de celle d'un The Box. Knock at the Cabin se montre aussi haletant que le dernier cité dans son thriller, finalement, d'une simplicité biblique. Il met en scène l'hypnose des mots, de leurs images et de leur pouvoir de persuasion, ainsi que leur intense influence sur notre foi intérieure et l'environnement réduit dans lequel évolue le metteur en scène.
L'oeuvre parle donc en creux du pouvoir de la narration au cinéma, et de la capacité du spectateur à se laisser prendre en otage le temps d'une séance, soit un domaine dans lequel le M. Night Shyamalan du début des années 2000 excellait.
Ainsi que dans les émotions, parce qu'il ose aller jusqu'au bout du cauchemar qu'il fait endurer à cette famille, qui se montre tant en marge par sa différence qu'à l'écart du monde qu'on lui somme de sauver.
Knock at the Cabin s'impose ainsi comme le Signes le plus éclatant du retour de son réalisateur.
Behind_the_Mask, un peu toc toc.