UNE FOURCHETTE PLANTÉE DANS L'ÉPAULE DE LA MORALE. (1 spoil à prévoir)

Sale gosse que cet Eli ROTH. Il nous avait laissé voici près de sept ans avec un "Hostel 2" sans nous donner la moindre nouvelle. Ah si, il y avait bien ce "Green Inferno" perdu dans les limbes de la distribution (aujourd'hui disponible en e-cinéma) mais sinon aucunes news du front de l'horreur. Puis vint ce home invasion produit en partie par Sondra LOCKE l'ex du grand Clint EASTWOOD autrefois instigatrice de l'original. Knock Knock est donc un remake reprenant la trame originale à savoir un pauvre bougre prisonnier et torturé par deux jolies jeunes femmes pas franchement équilibrées avec en tête un plan A mais aussi un plan...Q.

On le sait, ROTH aime quand ça saigne, met son doigt là où ça fait mal et renifle là où ça pue. La morale, il s'en contrefout affichant à chaque interview de belles dents blanches. Bref, un quadra paumé dans son adolescence et ses délires gores avec tout au fond un doigt d'honneur bien tendu à une catégorie de personnes. Les ados de Hostel cherchant "la femelle européenne des pays de l'est" ? Un coup de perceuse dans la cuisse ! Des altermondialistes posant un regard condescendant sur des populations indiennes dans "Green Inferno"? Une énucléation au coutelas d'ivoire suivie d'un gobage de globe oculaire. Pas de quartier chez ROTH qui trépigne à l'idée de foutre un coup genou dans les valseuses d'une famille bourgeoise agrippée à son p'tit confort avec tout en haut de la pompe à fric le Sieur Keanu REEVES. Neo, littéralement ankylosé par le cocooning et affichant le bobo fumeur de spiffs, portant gilet gris qui gratte aurait bien du mal à encaisser une bullet time. Arborant les cheveux longs et une barbe, REEVES, en tout point proche physiquement de ses derniers personnages badass va encaisser la rouste de sa vie. Point de départ d'un film dont l'ambition est d'afficher la détresse d'un homme qui possède tout, le sexe sera le non retour d'un type croyant contrôler sa vie.

Les films de ROTH n'affichent aucune misogynie. Il conçoit plutôt des contes de fée modernes fortement sexués avec comme créature mythologique, la jeune femme de 20 ans éternelle enfant désirable. Fantasme absolu de ROTH, la femme enfant se pare de fringues échancrées et tisse sa toile au son de sa voix suppliante. Knock Knock,tout comme Hostel, fait passer le personnage principal à travers un miroir par le truchement de la scène de sexe. Un passage qui tend à inverser les rôles. Transformant les mâles en proie et leurs proies en prédatrice, le film évacue toute notion de réalisme au profit d'un univers sombre et cauchemardesque. Le réalisateur n'oubliant pas d'appliquer le principe d'identification au spectateur masculin. Et vous que feriez-vous si vous étiez à la place de Keanu REEVES ? Chacun trouvera la réponse à cette question tout en évitant d'aborder le sujet avec sa moitié. Et de sujets épineux, le long métrage de ROTH n'en manque pas. A tel point que vient poindre sans prévenir, une critique avisée de la génération Y.

Le plaisir d'appartenir corps et âme à cette descente aux enfers encerclées par des succubes en top moulant, ne doivent pas faire oublier la propension du cinéaste à nous faire rire. Peut-être s'agit-il ici d'une vilaine faute de goût de ROTH incapable, à l'instar d'Hostel, de conclure son film de manière abrupte. Préférant la salissure de la honte au profit d'une mort certaine, cette comédie noire se perd désespérément dans une tiédeur qui sied mal au genre qu'il souhaite nourir.