« I'm tired of this motherfuckin' ape, on this motherfuckin' island »

Tout puait le cool à des kilomètres avec Kong. Les affiches, lorgnant sans complexe sur Apocalypse Now ; la soundtrack résolument old-school (Bowie, Creedance Clearwater...) ; le casting all-star (Hiddleston, Larson, Goodman, John C. Reilly...). Les premières images, au gigantesque incroyable, dans la lignée du Godzilla version Gareth Edwards de 2014 – et en même temps c'est normal, puisque le film prend place dans le Monsterverse (univers étendu à la Marvel, estampillé Legendary et Warner).


Tout ça pour... une grosse série B des familles. Un pop-corn movie qui ne cherche ni à réinventer le mythe du singe géant, ni à réinvestir ses thèmes. Tout juste évoque-t-on vite fait, histoire de faire genre, l'affrontement entre l'Homme et la Nature, dans une tentative peu subtile de couvrir le film d'un verni écologique. Kong : Skull Island n'est rien de plus qu'un gros divertissement bourrin qui n'apportera rien au cinéma : si ce n'est parfois, quelques fulgurances esthétiques, perdues dans un océan de numérique made in ILM. Pourtant, à partir du moment où on se fait à l'idée, alors le film est tout à fait honnête.
La limite du nanar est presque franchie, avec ses plans ridiculement épiques, ses personnages fonctions plus clichés les uns que les autres, ses punchlines pétées qui tombent à l'eau et ses gros monstres dégueux qui bouffent des gens par paquet de douze. Un « Mégapython » ou autre « Anaconda », mais sous stéroïdes budgétaires, avec une enveloppe de 200 millions de dollars histoire que la fête soit plus folle (sur le même modèle qu'un Jurassic Park 3, en encore plus fou). Et ça fonctionne : c'est immersif. On pardonne la B.O. 60-70s sous-utilisée aux titres random qui tente de refaire le coup de génie des Gardiens de la Galaxie, mais se croûte avec autant de panache que le hit-dropping grotesque de Suicide Squad. On pardonne l'incapacité totale du scénar à donner un semblant d'épaisseur à Tom Hiddleston.. Hiddleston, merde ! Vous avez de l'or entre vos mains, et vous n'en faites rien ! Pareil, du reste, pour John Goodman. Heureusement qu'il y a Samuel. Le Samuel L. Jackson des grands soirs, celui qui cabotine à mort dans son rôle de méchant monochrome et sans relief, et qui sort les punchlines avec la même conviction qu'importe leur nullité. Un revival de Des Serpents dans l'Avion des plus jouissifs.


Bref, si vous le comparez avec le film de 2005 signé Peter Jackson, ce Kong-ci est plus grand, plus fort, mais bien moins bon. C'est un grand-huit, et comme dans une attraction, passée l'émotion et l'adrénaline conférée par l'action et les sensations fortes, on oublie et on passe à un autre rollercoaster (Godzilla 2 ?).
Le film se reverra avec plaisir, néanmoins, à l'occasion, entre potes, dans une soirée série B. C'est sans doute ce qui le rend in fine attachant.

Cyprien_Caddeo
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le 10 mars 2017

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