Je ne saurais réellement dire pourquoi, mais le cinéma russe contemporain m’intrigue. Alors de temps en temps, je m’enfile une bobine sentant bon la vodka, histoire de découvrir des choses et d’augmenter un peu mes connaissances dans ce cinéma qui, sur le papier, fait peur à beaucoup de monde. Axant mes recherches plutôt sur du cinéma de genre ou de divertissement, il est vrai que je me suis enquillé quelques étrons. Oui, The Interceptor, 22 Minutes, Titanium, Vurdalaki ou encore Guardians me restent encore en travers de la gorge. D’autres, au contraire, oscillaient (pour diverses raisons) entre le tout juste sympathique et le plutôt bon, tels que Den’D, Nightwatchmen, Resistance, ou encore La Légende de Viy. Mais je n’ai toujours pas réussi à trouver de très bons films qui conviennent à mes goûts étranges. Alors je continue d’essayer, et aujourd’hui j’ai jeté mon dévolu sur Konvert (2017), dont j’ignorais à peu près tout, si ce n’est qu’il s’agissait, à priori, d’une histoire horrifique. Le chef d’œuvre attendu n’est toujours pas là, mais c’était plutôt très plaisant.
L’histoire commence il y a une centaine d’années. Un homme est poursuivi la nuit dans une forêt par un groupe de personnes avec des torches. Lorsqu’il est rattrapé, on comprend qu’il possède une lettre, et que cette lettre est sujet à une malédiction, causant la mort de centaines et de centaines de personnes lorsqu’elle est ouverte. Au bout de quatre minutes, le film reprend de nos jours. Igor est chauffeur dans une grande entreprise et est chargé par une secrétaire de livrer à la bonne adresse une lettre qui est arrivée dans l’entreprise par erreur. Arrivé sur les lieux, dans un appartement lugubre, il a l’impression que quelque chose ne tourne pas rond. Un peu comme si cet appartement était figé dans le temps. Une vieille dame apparait et lui dit que ce n’est pas ici qu’il doit amener cette lettre et que de toute façon, ce n’est pas la bonne adresse qui est écrite. Igor regarde l’adresse sur la lettre, elle semble avoir changé. Soudain, il perd connaissance et se retrouve dans sa voiture. Il se demande s’il a rêvé mais en voyant la lettre, il est persuadé que ce n’est pas le cas. Quelque chose ne va pas, il commence à avoir des visions. Il voit une petite fille, qui semble vouloir l’amener quelque part… Un bar semble-t-il, où il aura une rixe avec un client, l’amenant directement au commissariat le plus proche. Là-bas, il est pris en charge par une commissaire, qui semble croire à ses histoires, d’autant plus qu’elle aussi vient de voir la petite fille au commissariat… Les éléments étranges vont continuer de s’enchainer car cette lettre, à n’ouvrir sous aucun prétexte, semble cacher bien des mystères… Petit à petit, on apprend que Igor cache un traumatisme enfoui…
Konvert est un film plus intriguant qu’effrayant. Le réalisateur Vladimir Markov, dont c’est la première réalisation, soigne son ambiance et réussit à insuffler à son film un côté angoissant (merci le score), malaisant, avec pas ou peu de sang, qui nous donne surtout envie de connaitre le fin mot de l’histoire. Sa mise en scène est extrêmement soignée, comme souvent dans le cinéma russe, avec de magnifiques plans et une photographie superbe. Tons sombres, couleurs délavées, jolis jeux d’ombres / lumières, tout est fait pour donner à Konvert une atmosphère très particulière. Le rythme lent colle bien à l’ambiance du film et la très court durée (1h08 si on enlève le générique de fin), ne nous laissant pas le temps de nous ennuyer. Vladimir Markov aborde plusieurs sujets tels que l’arrivée inexorable de la mort, la culpabilité, l’innocence, la rédemption, … Des thèmes qui peuvent certes paraitre clichés dans le cinéma horrifique actuel mais qui pourtant ici, grâce à un scénario assez original par rapport à ce qu’on a l’habitude de voir, prennent leur sens.
Bien entendu, on n’est pas à l’abri des incohérences habituelles de ce genre de bobines, avec des personnages beaucoup trop curieux face à des phénomènes paranormaux, ou des réactions en dehors de toute logique, ainsi qu’un final beaucoup trop convenu et un peu trop « tout est bien qui finit bien ». Deux éléments empêchant le film d’être réellement marquant et de rester dans la catégorie des films sympathiques.
Avec son petit budget (environ 1.8M$US), sa bonne mise en scène, son ambiance réussie et son casting solide, Konvert est une petite bobine horrifique russe qui ne paie pas de mine mais qui pourtant se montre assez originale pour mériter le coup d’œil.
Critique originale : ICI