3ème Festival Sens Critique, 16/16
Très beau film d’animation en prises de vues réelles, Kooky est une variation sur le motif de Toy Story. Le doudou jeté à la poubelle va entreprendre un chemin de retour, ardemment aidé par les prières et l’imaginaire fiévreux de son propriétaire, enfant malade à qui on interdit la proximité des peluches poussiéreuses.
Livré à lui-même, Kooky s’échappe d’une décharge et va être poursuivi par ses gardiens qui veulent à tout prix le récupérer. La découverte du peuple de la forêt avec lequel il va sympathiser patine un peu dans les premiers moments, mais l’animation se déploie avec les multiples poursuites qui s’ensuivent. Toute la richesse du film fonctionne sur son inventivité : par la variété des décors, tout d’abord, des champs de blé à la neige, de la forêt profonde à la ville, la splendeur de la photographie s’allie à l’exploitation d’un gigantesque terrain de jeu.
Alliant plusieurs quêtes, celle du retour, de la préservation d’œufs et de la sauvegarde d’une autorité dans le monde merveilleux des créatures, le récit s’enrichit à chaque étape d’une strate nouvelle qui voit ré-intervenir l’enfant, rêvant peut-être toute l’histoire.
Symboliquement, les parallèles entre la destinée de son ours et de sa santé précaire sont faits avec délicatesse : on pense à la fusion d’Elliott et d’E.T., et le dénouement est d’une grande intelligence quant aux sujets abordés. Hommage à l’imaginaire, nécessité de grandir et d’entrer en contact avec le réel tout en préservant sa capacité à voir plus loin se conjuguent avec malice, parlant aux petits comme aux plus grands qui ne pourront qu’admirer le talent des illusionnistes aux commandes.