En 2013, Ron Fricke sort Samsara une oeuvre filmée pendant quelques années sur la beauté de la planète et l'influence de la main de l'homme sur celle-ci. Le film était pour moi très moyen. Ron Fricke n'était pas non plus n'importe qui puisqu'il était le directeur photo de Godfrey Reggio, réalisateur de Kooyanisqatsi. C'est donc avec une forme de perplexité que je me suis attaqué à ce documentaire qui a fêté ses trente ans en 2012.
Il va m'être très compliqué de parler de cet incroyable document qui m'a finalement bouleversé, du poids incroyable des différentes images et surtout du message transmis par Reggio à travers cette oeuvre. Alors oui, on est amené à penser d'une certaine manière, mais on se dit que trente années après sa sortie, ce film n'a jamais été autant d'actualité.
L'oeuvre débute avec une ouverture sur des peintures humaines de type rupestres renvoyant à notre passé pour succéder à un plan suivant d'une énorme explosion, des débris dans l'air pour se rendre compte qu'il s'agit du décollage d'une fusée dans l'air. Le fil rouge est ténu mais toujours gardé en point de mire par Reggio.
S'ensuit alors différents plans d'une nature, celles de paysages vides où la vie ne semble pas avoir lieu. Puis on trouve des nuages en mouvement et de l'eau, les océans, la vie qui semble prendre forme et arriver avant justement de s'intéresser à l'homme et à sa venue sur cette planète. Là aussi Reggio va filmer la manière dont il modifie le paysage pour assurer ses différents besoins en énergie, en télécommunications, etc.
Le film joue parfois sur des effets de ralentis et d'images en accéléré, dans sa seconde partie. La frénésie des avances technologiques, d'un monde toujours en mouvement qui semble avoir capturé l'individu lui privant d'une forme de liberté. Le nombre au détriment de la personne. D'ailleurs, les rares regards captés par Reggio sont celui de personnes qui semblent totalement perdus par ce qui leur arrive. L'homme évolue clairement dans une société dominée par la technologie où l'individu n'a plus pied face à tout ce déferlement de nouveautés.
Cette technologie qui semble cause la perte de l'humanité justement. Les scènes finales sont celles de cette fusée qui explose en plein vol, blessant par là l'orgueil humain de vouloir toujours aller plus loin. Le film pose très largement la question des inconvénients des avancées technologiques et surtout, en montrant en signe d'image finale les peintures rupestres, de poser la question à un retour vers le passé, à un retour centré sur l'humain.
Le carton qui arrive en fin de film n'est que la confirmation d'un message évoqué par Reggio pendant un peu plus d'une heure vingt. En ce début 2014, force est de constater que le cinéaste est toujours dans le bon, que l'humanité a certes fait un incroyable bon dans les avancées technologiques, que l'homme a accès a énormément de choses, mais que dans le même temps, il ne s'est jamais senti aussi perdu face à tout cela, peu en phase avec cette société frénétique, qui va toujours plus vite.