Un film particulier, de prime abord déconcertant. Sans aucun dialogue, une pellicule en accélérée nous montre des paysages, des constructions, et des hommes grouillant par milliers dans une métropole. Le tout sous la bande originale de Philip Glass.
Finalement, il faut laisser notre étonnement de côté, et laisser libre cours à nos émotions et nos idées qui affluent face à ce spectacle. Voici quelques idées et réflexions que j’ai eues au cours du visionnage de ce film. Car en nous montrant le monde dans lequel nous évoluons sous un angle différent, ce film nous invite à réfléchir et à tirer nos propres conclusions.
La nature! Quel spectacle! Que ce soit la fluide légèreté des cascades de nuages, ou la rudesse des paysages rocailleux et désertiques, nous ne pouvons qu'apprécier la beauté de notre planète.
Nous sommes spectateurs de cette beauté, comme si, avec un certain recul nous nous devions de percer les mystères de la terre et de la nature. Que dire de la vulnérabilité d'un cumulus éphémère, et de la puissance majestueuse d'une montagne ? Sublime. Alors, si la nature est bien sublime, nous devons nous unir à elle, comme l’entend le feng shui, cet art qui a pour but de vivre en harmonie avec l’environnement.
Mais l’homme, plus perfide, plus dévastateur et conquérant que la nature prend le dessus et le contrôle de son environnement avec la technicité. La technique, les équipementiers industriels, ces machines-monstres, sont au service de l’homme pour modeler, changer et façonner le paysage à son bon vouloir. Les collines rocailleuses sont pulvérisées, les paysages sont domestiqués et détruits pour laisser place aux cités cosmopolites! Hymne au respect de la nature, à l'écologie et à la terre même? Sûrement mais pas uniquement. Quel est le but de ces hommes, dénués de toute humanité grouillant dans des villes où un bout de ciel est difficilement perceptible?
La réponse est assez sombre : on a là une vision bien pessimiste de la nature de l'homme: il serait à la recherche d’une quête insatiable, sans but. L'homme cherche le progrès, même si celui si conduit à la destruction de la planète et de lui même. Progrès est synonyme de bonheur. Mais ce bonheur n'est qu'une sombre chimère, une illusion néfaste, un beau mirage derrière lequel se cacherait le Tartare. Ce film sonne alors comme un avertissement : l’homme se trompe de voie, détruit ce qu’il a de plus cher, et se détruit lui même. Mais que reste-t-il ?
Mais que reste-il? Et bien, la bande son de Philip Glass nous ouvre une porte : elle est si abstraite, si profonde, qu'elle sonde l'âme. Cette musique, si parfaite épouse pleinement les images. Elle nous aide à les comprendre, à les analyser, ou tout simplement à s'accaparer le film. Par exemple, tenez: les images en accéléré d'une autoroute la nuit nous offre un spectacle coloré: de beaux faisceaux de lumières jaillissent de la route. De même les lumière de la ville le soir sont comme un reflet du firmament. Ce film transcende l'art, et nous fait comprendre que finalement la technique peut être utilisée à bon escient, pour comprendre l'homme, et sonder son âme. En jouant sur l'accéléré, la notion du temps n'existe plus. Celui ci est dissous, réduit à néant, ou au contraire infini et impénétrable, comme l'âme humaine.
Ce film nous précise bien, que la technologie peut être destructrice si nous ne prenons pas le bon chemin. Mais la beauté existe, que ce soit à l'état naturel ou dans l'art. A nous de la chercher pour nous comprendre et percevoir notre âme.