Je dois avouer que j'ai un peu trainé des pieds pour aller voir ce Kubo au cinéma et malheureusement mes craintes se sont avérées prémonitoires. J'étais pourtant ravi de voir en salles un dessin animé qui ne soit pas conçu dans ces horribles CGI, sans compter mon attachement à la stop motion, forme primitive d'animation qui trouve un second souffle grâce aux progrès technologiques. Mais le traitement de l'histoire à eu raison de mon enthousiasme. Le film commençait pourtant bien, et au delà de certains poncifs, le réalisateur parvenait à rendre ses personnages attachants. Mais aussitôt la quête annoncée, l'édifice s'écroule aussi vite, révélant la fragilité de ses enjeux. La faute à un traitement du récit trop attaché à un modèle d'histoire ultra manichéen qui gangrène le cinéma d'animation US depuis trop longtemps déjà .Prenant lieu dans le Japon mythologique, l'histoire ne parvient pas à se dépêtrer de cette fascination exotique, et se contente d'aligner les pires clichés sur la culture nippone .Seul la série animée****Avatar The Last Air Bender*** était parvenu à traiter intelligemment la mythologie asiatique au sein d'une prod américaine.Un agacement largement décuplé par la sempiternelle morale sur la famille que martèlent ces scénaristes conservateurs à longueur de scripts, à telle point que l'on se serait cru devant les slogans de La Manif Pour Tous. Ce récit d'aventures, à force d'utiliser des autoroutes narratives ultra balisées perd de son intérêt et s'avère particulièrement laborieux, enchainant sans originalité, scènes d'actions et de longs couloirs de dialogues. La moindre des révélations est d'un prévisible et est annoncée avec une telle balourdise qu'elle en atténue la moindre possibilité d'émotion.
Il serait dommage de ne pas reconnaitre les quelques qualités évidentes de ce film :une jolie direction artistique, un travail sur l'animation et le rendu des textures impressionnant, sans oublier quelques scènes bien réalisées qui exploitent judicieusement leur cadre et leurs personnages. A noter tout de même, une petite touche de poésie bienvenue dans cette fin plutôt réussie qui parviendrait presque à racheter tout le reste. Le studio Laika, malgré la somme de talents qu'elle emploie, n'a pour l'instant pas su renouveler l'exploit artistique qu'est Coraline. Un succès qui repose sur les épaules de deux brillants artistes Neil Gaiman et Henry Selick.