Vous cherchez un film d’animation inhabituel, d’une émotion forte, fantastique, épique et à des années lumières de tout ce que vous avez pu voir ? Vous recherchez un film qui a du cœur ? Alors, n’hésitez pas, de la toundra gelée aux plages et à l’océan, sur l’eau ou sous l’eau, en passant par une forêt de bambous, immergez-vous grâce aux studios Laika dans le monde de Kubo et l’armure magique…
La quête initiatique d’un jeune Japonais dans un monde surnaturel
Si vous pensiez avoir tout vu du cinéma d’animation, attendez de voir Kubo et l’armure magique. Comme pour Coraline et les autres œuvres des studios, Kubo est un film fait en taille réduite. Des personnages aux décors, cette œuvre est incroyable et magnifique, respirant la poésie tout en étant sombre et effrayante. Inspiré des mythes et du folklore du Japon, Kubo et l’armure magique allie brillamment papier, bois, carton, personnages en poupée articulées et effets numériques. Ce qui rend ce film vraiment Japonais, c’est l’émotion, la musique, son âme. Parce que oui, Kubo, c’est difficile à imaginer et à croire quand on ne l’a pas encore vu, mais il a une âme, quelque chose d’intense ressortant.
Rarement on a pu ressentir de telles émotions à la vue d’un film de cette trempe. L’aspect humain, la sensibilité et la culture Japonaise, tout a été capturé, puis réduit en miniature. Une part importante de la culture Japonaise, c’est l’attention aux détails et ça, l’équipe de Kubo ne l’a pas oubliée. Physiques ou invisibles (la musique par exemple), on est ébahi par tant de détails. Epoustouflant.
On voit que l’équipe a fait beaucoup de recherches pour cette histoire, on été aidé par des consultants culturels et même d’un expert de la culture Japonaise, allant dans des musées, étudiant, s’assurant de respecter la culture et l’histoire du Japon. Résultat, plus de 80 décors réalisés, en plus de se rendre compte que chaque endroit visité est nouveau, on assiste à la cérémonie du thé, le festival O-Bon (festival bouddhiste japonais honorant les esprits des ancêtres et où l’on apprend aux plus petits à respecter les grands parents et ancêtres ne devenant qu’un avec l’univers). Des choses existant dans la vie réelle. Mais ce n’est pas tout.
Les textes, les effets d’eau ou de vent, l’éclairage, les couleurs, les costumes historiques détaillés au millimètre près (tissu d’époque, création d’un blason familial, tout a été recherché afin de savoir comment tout était vraiment fabriqué à l’époque), le design des personnages (Scarabée étant inspiré du célèbre scarabée rhinocéros japonais), les déplacements de chaque protagoniste et antagoniste, le mode de fonctionnement d’une armure de samouraï (il fallait le savoir pour faire bouger la marionnette), sculptures en bois (pour les maisons, les toitures, les accessoires) , et surtout, l’origami, partie importante du film.
Dans Kubo, toute l’équipe a réinterprétée certaines réalités avec l’origami. C’est plein d’action, c’est vivant, parfois violent, mais ça reste du papier. Donc, quand un petit samouraï en origami, tue une bestiole en origami, la bête, blessée, s’éparpille en confettis de papier suggérant le sang, mais ça sonne festif. Pas de panique pour les enfants.
Le projet le plus ambitieux des studios Laika
A chaque film, les studios Laika cherchent l’originalité, raconter des histoires rarement faites en film d’animation. Kubo est sans aucun doute leur œuvre la plus épique. Si on prend les grandes lignes de Kubo, c’est un film de samouraï en stop motion. Mais, si on s’y penche un peu plus, c’est bien plus que ça. D’ailleurs, Kubo, c’est bien plus qu’un film d’animation classique en stop motion. Tout comme Coraline, Les boxtrolls ou bien encore L’étrange pouvoir de Norman, Kubo n’est pas une œuvre axée que pour les enfants. Pire, elle se veut déconseillée pour les moins de 10 ans à cause de tous les dangers et images un poil violentes. L’univers, d’une richesse sidérante, se veut autant fourni et détaillé graphiquement que musicalement et scénaristiquement.
Bien qu’il y ait de nombreux combats originaux, variés, dignes des plus beaux films d’héroic fantasy où notre héros affrontera des monstres, Kubo ne parlera pas que de ça. Kubo, il parle de famille, de deuil, d’estime de soi, de sacrifice, de surprotection, de tolérance, d’intégration, d’handicap, d’amour et de confiance. Notre jeune garçon, lors de son aventure, partira à la recherche de son père disparu. Sa quête, cette sorte de road-movie à la recherche d’une partie de lui-même, sera initiatique. Très touchant.
Une expérience magique et émouvante
Une grande aventure mythique, loin du film classique et enfantin que la bande annonce nous le laissait entendre. Ce qui attire dans cette œuvre : la relation, l’évolution entre Kubo, Singe et Scarabée. Tout comme le film, ces personnages sont à des années lumières de tout ce qu’on a pu voir au cinéma jusqu’à aujourd’hui. Kubo passe d’une vie simple au monde extérieur, vaste et terrifiant, devant accomplir un périple, affronter toutes sortes d’obstacles pour réaliser son destin de héros.
Si vous avez les nerfs suffisamment accrochés, que vous êtes de grands sensibles, que vous aimez ou voulez découvrir la culture Japonaise, si vous raffolez des combats dignes des plus grands manga ( effets de vitesse, fumée et gros méchants à la Dragon Ball Z, et les armures sans doute inspirées par Les chevaliers du zodiaque), des monstres énormes ou petits représentants chacun un défi unique ( mention au squelette géant au crane infesté de sabres, les deux tantes démoniaques qui traquent Kubo), ou des films de Quentin Tarantino (Kill Bill 1 et 2), alors précipitez-vous sur cette œuvre. Ambitieux sur tous les points, explorant différents aspects de l’humanité, l’un des meilleurs films de samouraïs créé en stop motion, contant une histoire très intime sur le fait de grandir, d’avoir une famille et ce que tout ça signifie.
Au final, Kubo et l’armure magique, c’est un gros film d’action épique rarement réalisé en stop motion. De l’humour subtil, de la tendresse, de l’amour, des combats d’arts martiaux et de katanas dantesques, une mise en scène et une diversité visuelle prenantes, des décors et des graphismes stylisés à pleurer, des énormes monstres terrifiants, des personnages réalistes terriblement attachants, une histoire et une musique captivante créant de l’empathie, un univers vaste avec des endroits variés, ainsi que des rebondissements omniprésents pour un épilogue surprenant. En bref, une surprise qu’on n’avait pas du tout vu venir. Puissant, c’est ce que dégage cette œuvre. Applaudissons les artistes et toute l’équipe ayant relevée un défi impossible pour en faire un chef d’œuvre cinématographique. A voir deux fois afin de remarquer tous les détails. Bravo les studios Laika !