Kubo ou la poésie du méta
Kubo et l'Armure magique repose sur une idée merveilleuse : intégrer au cœur du film un discours sur la fabrication des histoires. On parle de métatextualité (une oeuvre qui parle de son fonctionnement, réfléchit sur elle-même ).
Kubo est un conteur hors pair. Comme ses créateurs, il fait émerger grâce à son shamisen (une sorte de luth japonais), du papier, des mots et son imaginaire un univers peuplé de héros et de monstres. Les papiers prennent formes et vie, s’animent sous les yeux ébahis de son public. Ces récits font partie des plus beaux moments du film.
Geshia Playing Shamisen
« Si vous devez cligner des yeux, faites-le maintenant. Faites attention à tout ce que vous voyez et entendez. Soyez attentifs : si vous perdez le fil du récit, le héros périra. » dit Kubo.
Grâce à ce préambule –au fort potentiel culpabilisant-, le film annonce la place particulière dévolue au public. Impossible de regarder indolemment cette fresque initiatique : il s’agit d’être concentré, actif.
Les autres forces de ce film d’animation ?
Son héros : Kubo est un enfant borgne, fragile, touchant. Son kimono est comme sa quête : a priori un peu trop grands pour lui. A priori seulement…
Son cadre : le Japon médiéval, ses lanternes, ses palais et sa Nature qui font penser aux estampes d’Hokusaï.
Hokusai, La Grande Vague de Kanagawa, 1831
- La villageoise Kameyo, personnage tendre, bienveillant, attachant.
On regrettera peut-être les facilités dans l’écriture du scénario : certaines scènes sont prévisibles, les péripéties semblent parfois accessoires pour la résolution finale. La fin est pleine de bons sentiments. Les répliques manquent d’un soupçon de second degré…
Mais l’ensemble est réussi...
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