On m’a conseillé ce documentaire consacré à Kubrick, et récemment passé sur Arte. Alors, déjà, ça faisait un bon moment que j’avais pas vu un doc sur le sujet et j’ai eu un peu peur, au début, de me refarcir le récit chronologique de l’oeuvre et de la vie du réalisateur. Heureusement, l’angle choisi par Grégory Monro fait éclater la filmographie qu’on évoque dans le désordre, s’autorisant même quelques impasses. D’emblée, récréer la fameuse chambre finale de 2001 et d’y placer divers objets en lien avec la carrière de Kubrick est une idée plutôt chouette, homogénéisant une approche qui pourrait parfois paraître confuse avec une certaine élégance. Sauf que le spectateur amateur et un peu informé va vite réaliser que l’ensemble du doc est presque exclusivement composé à partir des fameuses interviews de Michel Ciment. C’est chouette, mais du coup, ça condamne le documentaire à s'enfoncer le long d’ornières déjà bien tracée, effectuant des allers et retours sur un chemin bien connu. Et rapidement, les afféteries de la mise en scène tournent un peu à vide, et rien ne dissipera vraiment l’idée que ce doc se limite finalement à un montage sympa d’une interview très (très) connue. Une poignée d’extraits d’entretiens, alternant entre les réactions de la critique française de l’époque et quelques témoignages de divers collaborateurs, viennent parfois bousculer l'inertie du film. Au milieu d’extraits plus ou moins connus, eux aussi, je repense quand même à cette intervention de Sterling Hayden, barbu comme un amish un peu trop souillon, et qui revient sur le cauchemar que fut pour lui le tournage de Dr Folamour. Au final, le documentaire est sympathique à suivre, mais ne propose strictement rien de neuf, préférant jouer avec des petites chaises imprimées en 3D, plutôt que d’offrir une nouvelle lecture de l’œuvre de Kubrick, presque 25 ans après sa disparition.