Qu'on se le dise, Robert E. Howard est l'un des premiers auteurs reconnus de Fantasy et s'est, grâce à son œuvre Conan, illustré - s'il n'en est pas le précepteur - dans l'Heroic Fantasy. De part ces informations d'un homme qui a popularisé et lancé la grande ramification de Fantasy, on pourrait s'attendre à des adaptations de ces œuvres littéraires un minimum sympathique. Je veux dire, on a eu un Conan le Barbare fantastique, un Solomon Kane plus qu'acceptable, qu'est-ce qui pourrait mal se passer ?
Kull le Conquérant, film d'Heroic Fantasy donc adapté du roman de Robert E. Howard, réalisé en 1997 par John Nicolella et surfant, bien évidemment, sur la vague de la réussite du film de John Milius. On ne va pas tergiverser plus longtemps : qu'est-ce que c'est que cette merde ? Sérieusement, je n'arrive toujours pas à me rendre compte de ce que je viens de visionner... Je sais, d'expérience, qu'il existe des films de Fantasy complétement aux fraises mais là... Quand même...
Nous suivons donc les périples de Kull (que l'on prononce non pas Kull, ni Koull mais bien Keull), un barbare qui devient roi d'un puissant royaume cachant entre ces murs des adeptes d'une ancienne reine maléfique qui désire faire sombrer le monde dans les ténèbres.
Pas plus de spoil !
Pour moi, le film est un raté complet ! Et ce, sur absolument tout les points : c'est ce qui me chagrine le plus.
Dirons nous que, pour l'histoire, si les éléments récurrents (voire même cliché) de l'Heroic Fantasy sont respectés : le barbare, la figure féminine plus ou moins forte, l'antagoniste sorcier - dans ce cas là sorcière... ça, on est au point, pas de problème, il faut avouer que le reste, à savoir la mise en place de ces éléments et le déroulement de l'histoire laissent totalement à désirer. Techniquement, sans entrer dans les détails, on commence le film par la présentation assez expédiée (mais qui n'entache rien au "plaisir" de découvrir le film) de Kull, dix minutes plus tard il devient roi, deux minutes plus tard il est adoré par son nouveau peuple, quatre minutes plus tard il se marrie et enfin, deux minutes plus tard, il se fait trahir et perd sa couronne et son royaume. Tout ça en moins de trente minutes ! Le rush est réel à ce stade là. Impossible de dire que l'action met du temps à arriver puisqu'elle nous saute à la gorge dès les premières secondes du film. Sauf que cette vitesse de déroulement d'intrigue donne, en résultat, une impression de deus ex machina constant vu que rien n'est pesé, jugé... Tout s'enchaine avec plus ou moins, surtout du moins, de logique comme si le réalisateur et les scénaristes eux-mêmes n'avaient pas envie de faire trainer le film et voulaient s'en débarrasser le plus rapidement possible. Et là, je n'ai parlé que de la première demi-heure, en réalité, c'est à peu près le même schéma pour la totalité du film ! Une accumulation de scènes débitée à toute vitesse sans que rien n'accorde le moindre plaisir de visionnage si ce n'est quelques détails qui demeurent intéressants et sympathiques.
Mais voilà, tout le long du visionnage, on a l'impression de suivre une histoire construite minutes après minutes, aux éléments beaucoup trop grossiers et au facilité scénaristique, sans compter les incohérences qui demeurent légions.
Pour les personnages, ils respectent parfaitement leurs "clichés", de ce point de vue, rien à redire. Le héros principal, Kull, interprété par Kevin Sorbo que l'on connaît pour avoir joué dans la série Hercule de 1995, s'en tire pas trop mal. Il possède une philosophie intéressante vis-à-vis des esclaves, des servants, des adeptes de religions autres... qui ne plaît pas énormément aux nobles de son royaume. Cet état d'esprit est vraiment passionnant si seulement nous n'étions pas dans de l'Heroic Fantasy ! J'avoue ne pas avoir lu le roman éponyme de Robert E. Howard, ainsi je ne peux connaître avec précision la philosophie et les pensées véritables de ce personnage mais compte tenu du genre, je trouve un peu gros que notre héros barbare possède autant d'empathie avec les autres personnages, ça sonne complétement faux... Alors, erreur ou volonté de transgresser les codes d'un genre ? Absolument aucune idée tant que je ne me serai pas mis à jour dans mes lectures.
Hormis cela, il reste l'un des personnages les plus sympathiques car, combiné aux erreurs de l'intrigue et de l'histoire, il devient un personnage comique. Et je me permets de l'aborder enfin dans cette partie mais le film ne peut être satisfaisant que si l'on se met dans le crâne qu'il est parodique, qu'il a une dimension comique. C'est le seul moyen de trouver ce film véritablement divertissant. Sans mentir, le personnage de Kull, en plus de ces connaissances proches, sont vraiment aptes à nous faire rire de part les situations qu'ils rencontrent mais sincèrement, je n'ai pas été bon public sur ce coup et n'est pas reconnu à sa juste valeur cette volonté là. J'avais plus l'impression que l'humour tentait de sauver un film qui s'est tiré consciemment une balle dans le pied.
Pour en revenir aux personnages car l'on s'éloigne un peu du sujet de cette partie, on notera que les adjuvants du héros sont... présents. Sans vouloir être méchant, ils n'ont guère de profondeur si on excepte la fameuse figure féminine "forte", ici incarnée par une diseuse de bonne aventure qui aurait pu, si le film était resté un minimum sérieux, apporter pas mal de bonnes choses. L'antagoniste me pose également problème dans le sens où elle s'attire rapidement, ou du moins devrait s'attirer rapidement les fureurs de ses alliés. Son évolution est assez incroyable dans le sens où elle n'est que méchante et va donc petit à petit devenir cruelle avec ceux qui l'ont ramené à la vie. Ce qui laisse germé le seul point vraiment positif du film, c'est que ces aides vont rapidement vouloir en finir et l'assassiner. Pour les autres personnages, excepté quelques figures bien peu nombreuses, on se retrouve avec des figures tout au plus parodiques.
Pour les effets spéciaux, mon dieu, c'est mauvais de chez mauvais. C'est nul, nul et re-nul. La forme originelle de l'antagoniste est ratée, les effets magiques sont risibles à souhait et les véritables bonnes utilisations de SFX se comptent sur les doigts d'une seule main.
Pour les combats, nous avons deux écoles : la première qui occupe la première partie du film où les combats sont d'un mou extraordinaire. La deuxième école, deuxième partie du film, où l'on s'est mis à proposer des affrontements un peu plus musclés. Dommage d'avoir attendu si longtemps...
Pour ce qui est des musiques et des décors, on va mettre ça ensemble : les musiques sont quelques peu mal choisies. On a le droit à une sorte de métal qui ne représente en rien l'univers. A souligner qu'il existe, bien évidemment et j'en ai regardé, des films de Fantasy proposant des sons en décalage avec l’œuvre présentée mais là, les sensations étaient au rendez-vous. Dans Kull le Conquérant, on est déjà coincé au rez-de-chaussée du fun que la bande son paraît médiocre d'entrée de jeu. Pour ce qui est des paysages et des décors, pas grand chose à déclarer. Du basique.
Kull le Conquérant. J'ai écrit pas mal de choses négatives, à se demander s'il n'y avait pas un peu de mauvaise volonté dans cette critique. Déjà, non, il n'y en a pas. Et même si le film, on ne va pas mentir, propose réellement des choses, des points, des aspects intéressants, ils sont complétement annihilés par le côté péjoratif et parodique que propose le film. Une succession de mauvais choix qui plonge dans les méandres de l'oubli ce film qui pourtant, j'espère, avait tout pour réussir. Malheureusement, c'est un échec cuisant sur tous les points. Un film donc qui pour plaire doit être vu avec un œil très parodique et dès cet instant, le film doit être mille fois plus divertissant, pour ma part, ça n'a pas été le cas.
Et n'oubliez pas que la Fantasy nous appartient !