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Pendant près de dix ans, le troisième volet de Conan le Barbare est resté en development hell, Arnold Schwarzenegger étant trop occupé à défoncer le box-office de la fin des années 80 et restant peu empreint à ré-endosser le rôle après l'échec du nanardesque Kalidor. C'est ainsi que Conan le Conquérant resta dans les tiroirs. Mais rien ne se perd à Hollywood. Raffaella De Laurentiis, possédant encore les droits du personnage, récupère le script, demande à Charles Edward Pogue (La Mouche, Cœur de Dragon) de le modifier, de changer le personnage en Kull, un autre guerrier imaginé par Robert E. Howard, et engage un réalisateur de pacotille pour mettre en scène tout ça sans trop de frais.


Ainsi naît Kull le Conquérant, nanar en puissance de 20 millions de dollars, sorti sur les écrans américains en 1997 et en salles françaises un an plus tard. Le scénario garde donc plus ou moins fidèlement le script original de 1987, lui-même inspiré des nouvelles "L'Heure du Dragon" et "Le Phénix sur l'Épée" qui voyaient un Conan devenu roi faisant face à des traitres souhaitant sa chute en engageant un vil sorcier pour s'emparer du trône. Dans le fond, l'histoire s'avère passionnante, peuplée de personnages hauts en couleurs et de lieux merveilleux. À l'écran, outre une photo travaillée et des décors de qualité respectable, c'est plus proche d'un téléfilm façon "Hercule" que du chef-d'œuvre de John Milius.


Affrontements mollassons, répliques bas de gamme, gags puérils, musique improbable mêlant hard rock et violons (signée Joel Goldsmith, qui n'a visiblement pas le même talent que papa), acteurs de seconde zone peinant à demeurer crédibles... On nage en plein DTV de luxe. Tout est par ailleurs prédisposé à caresser le spectateur dans le sens du poil : on prend Kevin "Hercule" Sorbo dans le rôle-titre, Tia Carrere dans le celui de la sorcière sexy (elle a déjà joué avec Schwarzy, les gens verront un rapprochement subtil) et le peu connu Thomas Ian Griffith dans celui du méchant traitre (Michael Wincott n'était pas disponible, autant prendre carrément son sosie).


Le film n'a rien d'épique, de fabuleux, de sexy, de mémorable, les ambitions étant trop grandes pour l'ensemble du cast, les magnifiques décors et costumes contrastant avec de pauvres chorégraphies, de quelques craignos monsters apathiques et d'une poignée de CGI balbutiants. Pourtant, outre un enchainement de séquences précipitées (cette introduction témoigne en dix petites minutes de l'incompétence générale du projet) et parfois de mauvais goût, Kull le Conquérant arrive on ne sait comment à demeurer sympathique, oscillant entre le navet désolant et le nanar généreux. Comme quoi un bon script peut tomber entre de mauvaises mains.

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le 3 nov. 2020

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