Sur le pays des suites inutiles, Kung Fu Panda 4 règne en guerrier-dragon. La première chose qui frappe le spectateur assidu et fidèle est la laideur d’un ensemble ressemblant aux productions dérivées, écoulées jadis sur le marché du support physique, des grands studios : les fonds apparaissent moins travaillés que d’habitude, souvent floutés, et les plans larges manquent terriblement de détails, en témoignent la scène d’entrée dans Juniper City ou l’ouverture dans la mine. Le scénario entend convertir notre héros en guide spirituel – c’est du moins ce qu’affirme le prologue initial tenu par maître Shifu – alors que la suite du récit, jalonné de péripéties réchauffées, reste axé sur les bagarres, sans pauses médiatives ni évolutions intérieures véritables.
Sur ce point, le film atteste un problème de rythme et de lisibilité de l’action : le montage charcute excessivement ses plans, les ralentis faciles échouent à imposer une quelconque imagerie épique. Une confusion visuelle s’installe, rendant caduque la tonalité comique par une précipitation générale, aussitôt mobilisée aussitôt disparue : les blagues tombent souvent à plat, desservies par la vulgarité volontaire du langage jeune qui s’articule mal à la quête spirituelle thématisée. Même Hans Zimmer enclenche le pilote automatique, signant une partition bruyante qui recycle les thèmes déjà composés.
Ce quatrième volet survole tout, ne s’attache à la transmission d’aucune émotion particulière, en dépit d’une certaine poésie terminale lorsque les grands méchants retrouvent la tranquillité du monde des esprits, dans lequel auraient dû demeurer Po et toute sa famille. Une déception, et cela malgré la très belle avant-première proposée par le cinéma Turenne de Sedan.