Avec ce détour par le Taiwan de la fin des années 80, on ne trouvera guère d’expérience auteurisante mais plutôt une plongée au sein d’une composante bien caractéristique de la cinématographie locale : la comédie tarte à la crème matinée d’action. Bientôt à la Cinémathèque ?
Vieux routier besogneux du milieu, le réalisateur livrera bien par la suite un sympathique Revanchist, mais on le retrouve ici englué dans un tout venant commercial qui ne marque guère les esprits. Presque trente ans après, déterrer ce Kung-Fu Student est un acte de foi tant l’excavation de ces bobines peut se révéler une douloureuse expérience. La quête de la pépite est à ce prix, le cinéphile sensé aura depuis longtemps passé son chemin. Cette présente cuvée vaut donc uniquement pour son pouvoir d’évocation nostalgique et son énergie foutraque, mais peine à témoigner des qualités typiques de ses camarades les plus doués : un réjouissant milkshake entre délire sous acide et échanges martiaux boostés aux Frosties.
On ne retrouvera ces stimulants éclats qu’épisodiquement parsemés dans cette romance mafieuse où un fantôme membre de triade vient importuner une étudiante policière passablement gaffeuse. Nous voici donc attachés aux basques d’un tandem comique énergique et cabotin, entouré de trognes patibulaires abaissant encore un peu plus le niveau intellectuel du produit. Pourra-t-on vraiment s’esclaffer devant un couple formé par un nain taquin et un bodybuilder efféminé, un jeune minet barbouillé d’excréments, un commissaire à la braguette ouverte ou encore un badguy s’échappant en slip d’un gunfight? La comédie taïwanaise est un met délicat définitivement destiné aux palais les plus exercés.
Plutôt qu’une trame un tant soit peu construite, on découvre sans étonnement un classique amoncellement de séquences inégales sans doute tournées au jour le jour, soit autant de passage obligés du cahier des charges. Au programme s’invitent donc des traques policières foireuses, des crêpages de chignons, une pincée d’effets spéciaux surnaturels certifiés d’époque, avec également un peu de tatane et en coulis une bonne louchée comiquo-romantique culminant en conclusion forcément tragique (cela fera toujours un écran de fin marquant pour mieux oublier le reste). Un foutoir ambiant qui peine à décoller et surprendre le spectateur pourtant peu exigeant pour se risquer à rebours à cette proposition de cinéma. Trop éparse et câblée, sans réelle intensité, l’action ne rattrape en rien un ensemble bringuebalant qui maintient tant bien que mal son cap à l’énergie … pour ne pas tomber il faut continuer d’avancer. On pourra légitimement s’affliger devant cette pellicule ou tout autant n’en retenir que ses (relatifs) dérèglements bis et s’attacher à son charme d’époque. On aura connu bien pire, et paradoxalement plus gouteux, précieux paradoxe taïwanais. Peu importe le flacon, pourvu qu’on ait l’ivresse ?