"Kursk" retrace le naufrage du sous-marin nucléaire russe durant l'été 2000. Une catastrophe médiatisée à l'époque dans le monde entier, où le gouvernement russe s'était couvert de ridicule devant leur incompétence à gérer la situation. Comme tout film à bord d'un sous-marin, c'est ambitieux et coûteux et seul les américains sont capable de financer ce genre. Et pourtant, pas un dollar américain dans ce projet. "Kursk" est un projet qui a traîné pendant longtemps dans les tiroirs des productions européennes. Il put enfin voir le jour grâce aux avantages fiscaux belges et le soudain intérêt du Luxembourg dans le cinéma. Le film devait se tourner en Russie dans une anciennes base militaire, mais au dernier moment, les autorités militaires russes firent marche arrière et refusèrent toute collaboration. Le tournage dut se rabattre et filmer en Belgique et en France à la base de Toulon. Pour Thomas Vinterberg, ce film est un film de commande qu'il n'a pas développé, cependant c'est lui qui imposa l'introduction dans les familles et la scène du mariage au début du film pour créer une connexion entre les personnages et le spectateur. Un procédé cher à Michael Cimino notamment dans "Voyage au bout de l'enfer", mais n'oublions pas que Vinterberg est aussi le réalisateur de "Festen", ce qui lui donne une certaine légitimité à faire ce genre de scènes. Le réalisateur s'amuse d'ailleurs à filmer cette introduction au format 1.66 qui ne changera que lorsque le sous-marin prendra la mer pour devenir du scope 2.35. Cet effet de vignettage créé une illusion de renferment dans une vie étriquée sans avenir au milieu des immeubles d'une ville secondaire russe, et à contrario, donne aussi l'effet nostalgique d'un film fait avec un caméscope de ces moments familiaux. "Kursk" ne révolutionne pas le film de sous-marin, il faut bien se le dire; les références restant toujours "Das boot" et "A la recherche d'Octobre Rouge". L'idée de tourner en anglais est aussi assez dommageable ne serait-ce que pour la crédibilité de l'histoire, même si celle-ci reste très fictive face au faits que nous connaissons de l'affaire. Mais il ne mérite cependant pas l'indifférence dans laquelle il sortie. C'est un film soigné, bien réalisé avec des décors tout à fait crédible. Le film fut totalement rejeté par le public russe, ce qui n'est pas très étonnant à la vue du traitement du scénario, qui est clairement écrit d'un point de vue européen et très accusateur envers le gouvernement russe. La faillite commerciale de ce film co-produit par Luc Besson, n'allait pas arranger ses affaires déjà au plus mal depuis l'échec de "Valérian".