Inca de farce mineure
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le 20 mai 2013
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Boom baby! Attachez vos ceintures et rajustez vos ponchos!
Nous sommes à l'aube des années 2000 et débarque sur les écrans le plus déjanté, le plus farfelu, le plus dingo et bien sûr le plus mégalo de tous les empereurs. Et il a la pêche... Un groove d'enfer!
Mais rembobinons encore un peu...
Les nineties, c'est la décennie qui a vu l'avènement hystérique des boy's band, Windows envahir les foyers et la naissance des Pokemons, l'élevage en masse de Tamagochis qui permettra à des millions d'enfants de négliger une petite créature sans laisser à leurs parents d'inopportuns cadavres et surtout une mode vestimentaire que l'on ne pensait jamais voir resurgir. Mais c'est aussi celle d'un nouvel âge d'or pour le Studio Disney après une longue période de sommeil, conséquence du décès de l'Oncle Walt. La production de dessins-animés est relancée à plein régime, et avec plusieurs succès consécutifs qui marqueront durablement toute une génération, il semble que le Studio a retrouvé pour un temps la formule magique, ou peut être un grand bocal de poudre de fée.
Difficile de dire précisément quand cette période faste prend fin. Mais assurément les choses se trouvent bouleversées dès le milieu de la décennie avec la révolution numérique qui conquiert le public en donnant vie aux jouets. En parallèle les nouvelles productions plus classiques rencontrent des succès mitigés et peinent à faire l'unanimité. De La petite sirène au Roi Lion en passant par Aladdin, il parait presque impossible d'être à la hauteur de ces chefs-d’œuvres qui ont ouvert les années 90. C'est à ce moment où déjà tiédit la magie retrouvée que Kuzco l'empereur mégalo prend ses racines.
Initialement c'était sur le papier un projet on ne peut plus classique: une nouvelle adaptation de Le Prince et le Pauvre déplacée au pays des Incas, avec échange royal, machiavélique sorcière en quête de sa beauté perdue et un enjeu solaire pour mieux fondre le conte de Mark Twain dans le décor choisi. S'y ajoutait bien évidemment une partition dans le plus pur style Disney. Au fil du temps et des écueils, le projet qui s'appelait alors Le royaume du soleil fut remanié en profondeur, s'éloignant définitivement du texte original. Les chansons composées par Sting devenues obsolètes furent mises de côté, le personnage principal renommé. Et Kuzco signifiant nombril en quechua, c'était le patronyme parfait pour cet anti-héros incroyablement égoïste.
De la sorcière obsédée par une beauté révolue reste la malveillance, la soif de pouvoir et surtout la laideur, mémorable! S'y adjoint un acolyte plus naïf que malévole et d'une inaltérable bonne humeur, créant ainsi un un duo d'antagonistes mal assortis et désopilants. Comme un miroir déformant de la paire de héros, devenus au cours des réécritures plus dissemblables que jamais au-delà de leurs origines sociales. Pacha est aussi massif et placide que Kuzco est mince et nerveux, aussi généreux et bienveillant que le jeune empereur est égocentrique, et l'on voit cette opposition se poursuivre jusque dans leur thème chromatique respectif.
L'intrigue quant à elle se transforme en course-poursuite endiablée, une aventure sans temps mort qui nous laisse avec des crampes aux zygomatiques.
En abandonnant Le royaume du soleil pour Kuzco l'empereur mégalo, Disney abandonne la structure du conte original mais pas l'esprit d'un conte. On y trouve tous les ingrédients: sorcière, prince et magie, un parcours initiatique qui aboutira sur un retour extérieur à l'état initial mais à une métamorphose intérieure, pour le meilleur cela va de soi. Ce n'est pas là un sujet inédit mais c'est dans la forme et non dans le fond que le métrage trouve son originalité et le Studio Disney un souffle de fraîcheur assez unique. Même dans les moments les plus dramatiques l'heure est à l'humour, sans pour autant en exclure toutes émotions. Le ton y est léger, proche de l'absurde jusque dans l'enchaînement des événements, volontiers cartoonesque. Le scénario avoue lui-même ses petites lacunes, les transformant en ressorts humoristiques et les rendant par là même acceptables dans le récit.
Les décors, parfois réduits à l'essentiel ne font pas date dans l'histoire du Studio, mais le style graphique et l'animation arrivent parfaitement à s'y intégrer et s'accordent avec la tournure drolatique que prend le dessin-animé dès les premières minutes. Épurés et dynamiques, sans fioriture, l'un comme l'autre soutiennent à merveille le rythme effréné de ce conte délirant. En renfort, une musique très jazzy qui achève de nous mettre dans l'ambiance. Fait alors assez inhabituel chez Disney, les chansons sont totalement exclues de la progression de l'histoire. Réservées à l'introduction et à la conclusion, elles témoignent néanmoins de l'évolution de Kuzco, d'empereur mégalo à bon copain sans doute encore un brin dingo.
Ce registre de l'absurde est pour Disney une recette à usage unique qui ne pouvait fonctionner qu'une fois. Et elle fonctionne! A un moment où le Studio peine à trouver le ton juste pour accrocher le public tout en restant fidèle à lui-même, il nous envoie une bouffée d'air frais, une dose de bonne humeur débridée et survitaminée. Une sorte d'ovni qui décoiffe, à voir et à revoir.
Moi, je ne m'en lasse pas!
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le 18 juin 2018
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