Kwaïdan
7.8
Kwaïdan

Film de Masaki Kobayashi (1964)

Voir le film

Il me semble qu’avec Kwaidan, Masaki Kobayashi ait voulu avant tout réaliser un film pour les japonais. En reprenant quatre contes populaires, c’est un retour à la tradition que le cinéaste initie, renouant avec son folklore mais aussi son art. Chaque aspect de la culture nippone est ainsi représenté : récit oral, peinture, théâtre (dans les plans et le jeu, notamment), musique ou encore calligraphie, comme si le film tout entier était aussi un appel à l’élévation du cinéma au même rang. Formellement, c’est donc une œuvre magnifique, pas loin d’être parfaite, faisant appel à une scénographie fantastique et à des prises de vue expressionnistes pour plonger le spectateur dans une dimension étrange et étrangère. Il y a là véritablement quelques-unes des plus belles scènes que j’ai pu voir. C’est cependant sur la structure de ces histoires elles-mêmes qu’on pourrait décemment avoir quelques réticences. Au-delà de l’intérêt pour toute une conception artistique qui lui est inconnue, l’épure et l’approche qu’offrent ces sketchs peuvent rebuter le spectateur non familiarisé, voire même totalement le délaisser, s’éloignant ainsi des thématiques universelles qu’abordaient Harakiri et, surtout, la Condition de l’homme. C'est un rythme véritablement contemplatif que propose Kwaidan. Attention cependant à ne pas prendre ce terme galvaudé comme euphémisme d'ennui mais bel et bien une proposition résolument asiatique, "zen" pourrait-on raccourcir. Invitant simplement à s’abandonner, à admirer et, peut-être, à comprendre les fondations culturelles de l’archipel, Kwaidan est de ce point de vue probablement le film le plus exigeant de l’œuvre de son auteur.
obben
7
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes Masaki Kobayashi et Les jaquettes Criterion

Créée

le 29 oct. 2013

Critique lue 1K fois

22 j'aime

11 commentaires

obben

Écrit par

Critique lue 1K fois

22
11

D'autres avis sur Kwaïdan

Kwaïdan
Rawi
8

Critique de Kwaïdan par Rawi

Je connaissais Kobayashi de ar sa trilogie monumentale qu'est La condition de l'homme. 10 heures de cinéma exceptionnel, une fresque titanesque. En regardant Kwaidan, je ne m'attendais pas à une...

Par

le 12 févr. 2016

31 j'aime

2

Kwaïdan
Docteur_Jivago
9

Folklore fantastique japonais.

Avec "Kwaidan", Masaki Kobayashi se lance dans l'adaptation de quatre histoires de fantômes issues du folklore traditionnel japonais. Dans la première il nous conte l'histoire d'un samouraï qui...

le 31 déc. 2014

28 j'aime

8

Kwaïdan
Sergent_Pepper
8

Monopole fantôme

Réalisé après le sommet Harakiri, Kwaidan est une étrange parenthèse dans la filmographie de cette époque faste pour Kobayashi. Sur bien des points, on pourrait le comparer à ce que sera le...

le 23 juin 2018

26 j'aime

6

Du même critique

M le maudit
obben
10

Predator

Après une douzaine de longs métrages muets dont les reconnus Mabuse le joueur, les Nibelungen ou encore la superproduction Metropolis, Fritz Lang s'attaque au cinéma sonore en 1931. Avec M - Eine...

le 18 avr. 2012

96 j'aime

11

Une femme sous influence
obben
9

Desperate housewife

De Cassavetes, je n'avais vu que Shadows et Faces, deux films qui, s'ils étaient notables pour leur vivacité et leur authenticité, m'avaient tout de même perdu en route par leur côté bordélique (en...

le 8 avr. 2013

65 j'aime

10

A Serious Man
obben
8

Why so serious ?

Dés les premières minutes d'A Serious Man, les frères Coen développent un univers délirant, mélange de tradition (l'introduction en apologue sans morale), de révolution culturelle et de rock...

le 24 mars 2012

61 j'aime

3