1939, Henri Groues quitte à contre coeur, pour question de santé fragile, l´ordre des Capucins. Bientôt arrivent la guerre puis la résistance, et le pseudonyme d'abbé Pierre, puis la députation, puis la création d´Emmaus avec Lucie Coutaz.
A l´issue de la projection, ce qui marque :
1- La réalisation. Elle semble être totalement décorrélée de son sujet et des moments qu'elle est censée conter. Incohérente, en roue libre, elle enchaîne les "styles", tentant à l'occasion l'immersion, la caméra plonge, ne cadre plus rien, ou une oreille pour être au plus près. Mais au plus près de quoi ? Sans grâce, ni finesse, elle est de plus surlignée par une musique omniprésente. Le montage à l'avenant sabote régulièrement le travail des comédiens. S'ajoute l'intégration d'images d'archives choisies on ne sait comment tant elles n'apportent rien. La liste est longue...
2- Le scénario. Le récit est écrit à la truelle. Tellier conte les évènements soit au pas de course, expédiés, soit choisi de s'appesantir, sans jamais vraiment parvenir à communiquer l'émotion, à approcher de la complexité de l'homme. Quant au personnage de Lucie Coutaz, il est survolé. La partition confiée à Emmanuelle Bercot est bien trop faible pour que, et la comédienne et l'amie fidèle de l'abbé, soient présentées à leur juste valeur.
3- Benjamin Lavernhe. Il est définitivement un très grand comédien. Au théâtre comme sur grand écran, il impressionne. Ici, la puissance, la délicatesse, toutes deux déployées dans le soucis d'une grande justesse, saisissent. Même le maquillage parfois un peu trop chargé, même la réalisation ratée et le récit à l'emporte pièce ne peuvent rien contre ce talent.
Conter une vie aussi riche, dresser le portrait d'une personnalité aussi complexe n'est pas chose aisée. Il faut avoir un minimum de talent et dans ce domaine Benjamin Lavernhe est ici bien seul.