Personne ne peut ignorer – surtout en France – l’impact d’Henri Grouès , plus connu sous le nom de l’abbé Pierre sur l’histoire de France. Personne ne peut l’oublier car c’est lui qui créera Emmaüs avec Lucie Coutaz, après s’être défendu bec et ongles pour avoir les ressources nécessaires pour accueillir les sans-abris durant l’hiver 1954. Un hiver des plus meurtriers, car pendant 3 semaines, la température sera rude avec un ressenti à -30°. Cet homme, d’une extrême empathie, n’était jamais satisfait de ce qu’il accomplissait.
L’abbé Pierre : Une vie de combats raconte la vie de cet homme d’église depuis le temps où il dut quitter les Capucins jusqu’à sa mort en 2012. C’est donc sa vie entière qui est retracé en 2h18.
J’ai vu le film pour la deuxième fois, pour mon plus grand bonheur. Je n’avais pas vu le premier biopic sorti en 1989, avec Lambert Wilson dans le rôle titre. . Mais d’après la bande annonce d’Hiver 54, je ne peux dire qu’une chose : la performance d’acteur de Benjamin Lavernhe est absolument magnifique et surpasse de loin le jeu de Lambert Wilson qui peine à être charismatique.
Benjamin Lavernhe est un acteur que j’ai découvert la première fois dans le goût des merveilles et qui m’avait déjà surpris en son temps. Ce film, dans lequel il donnait la réplique à Virginie Efira, traitait du syndrome d’asperger.
Quant au biopic de Frederic Tellier, la direction d’acteur et le maquillage ajoutent au personnage principal une authenticité au point que l’on ne voit plus l’acteur derrière le masque. Le ton de la voix, les gestes et la démarche sont des trompe-l’œil pour le spectateur.
Au niveau de la photo, rien ne dépasse et chaque plan est choisi pour une bonne raison. le film a une dimension contemplative : la caméra fixe certains objets et décors pendant plusieurs secondes en silence comme si le temps était suspendu. C’est tout au long du film que l’on pourra observer ce procédé qui ne le plombe aucunement, mais au contraire nous permettra de faire une pause dans les combats de cet homme d’église. D’ailleurs Le premier plan du film nous indique où le long-métrage va nous embarquer : On y voit une très belle nuit étoilée, avec en fond une montagne sur laquelle un homme se dresse et regarde au loin. La lune éclaire à peine son visage et une voix off bien connue nous parle des préoccupations de l’Abbé Pierre. Cette scène magnifique – ainsi que le dernier plan du film – est filmé de façon gracieuse et paisible. La qualité de la mise en scène nous fait ressentir la fascination du réalisateur pour son personnage principal, incarné par Benjamin Lavernhe qui l’interprète de façon magistrale .
Toutes ces remarques positives me conduisent à penser que le cinéma français est loin d’avoir dit son dernier mot et que certains réalisateurs savent prendre des risques, alors que certains blockbusters américains n’arrivent pas à se réinventer.
En somme,le film de Frederic Tellier est pour moi un vibrant hommage à son acteur principal qui se surpasse.