J'ai mal lu mon programme et n'ai enregistré que la première partie, mais elle est autonome, dans le sens où elle relate le procès de Bontems et Buffet, les deux assassins qui avaient exécuté des otages lors d'une tentative d'évasion. Dont une infirmière, et une infirmière, c'est sacré. Bref, on parle d'un autre temps, avec ses prisons insalubres, ses paras délinquants qui n'ont que l'honneur à la bouche, et sa peine de mort. Le temps de Pompidou. Dont je me souviens un peu, j'étais déjà là, mais bien loin de ces misères collectives. Donc, ça ne fait pas de mal de se refaire un petit pèlerinage dans la France pompidolienne, et d'exhumer au passage de jolis adjectifs. Évidemment, la figure de Badinter fait un peu Commandeur, mais l'homme a une indéniable carrure et il fallait bien insuffler à cette fiction un peu de vigueur; elle provient essentiellement des interventions postillonnantes du protagoniste, qui serre la main du prévenu dont il veut sauver la tête, les yeux humides, apostrophe le juge avec véhémence, s'effondre sur son pupitre, bref, qui joue de tout le théâtre que permet le dispositif d'un procès aux assises. Tout ce cirque n'empêche pas la gravité du propos : un État, moderne et civilisé, peut-il s'arroger le droit de raccourcir l'anatomie d'un criminel ? On sait comment les mentalités ont évolué depuis, et que la proportion de soutiens à la peine capitale s'est inversée par rapport à cette époque-là, mais la petitesse de certains propos glanés çà et là dans la vie quotidienne suggère que ce genre de film est tout sauf inutile... parce que les foules vociférantes qui réclament la vengeance ne sont jamais bien loin.