Première partie (8/10) :
À homme d'exception, biopic d'exception? Rarement vrai, cette formule tout juste inventée trouve parfaitement son sens à travers « L'Exécution », première partie du téléfilm « L'Abolition ». J'avoue d'ailleurs que si mon admiration sans failles pour Robert Badinter me mettait dans les meilleures conditions pour apprécier le résultat, je ne pensais pas être autant impressionné par ce dernier. Que l'on connaisse ou pas le verdict rendu pour Buffet et Bontems, il est impossible de ne pas avoir le coeur serré durant cent minutes.
À la fois portrait émouvant d'un homme luttant sans relâche pour ses convictions et reconstitution magistrale d'un des plus célèbres procès des années 70, on est captivé de voir comment chacun évolue, réagit au fur et à mesure des multiples témoignages, mais surtout incrédule à la vue d'un jury quasiment sourd, presque déjà sûr de son fait avant même le début des plaidoiries. L' indescriptible climat de haine qui régnait alors à l'extérieur de l'audience est à cette image : terrifiant et d'une tristesse infinie, comme si le plaisir de voir mourir deux hommes pouvait procurer une joie intense...
Au milieu de cela, quelques scènes superbes, cette ritournelle bouleversante répétée de bout en bout par Badinter pour se convaincre du verdict (« on ne peut pas donner la mort à celui qui ne l'a pas donné ») et un flashback aussi habile que captivant sur le métier d'avocat, développé par Henri Torrès (Gérard Depardieu, excellent), ancien mentor du héros. Et si on pourra trouver la représentation de ce dernier un peu trop positive, Charles Berling l'interprète avec tellement de conviction que cela n'est pas vraiment un problème... Bref, une grande réussite que ce superbe téléfilm signé Jean-Daniel Verhaeghe, en espérant désormais que la seconde partie sera tout aussi déchirante.
Deuxième partie (6/10) :
Inférieure à une première partie particulièrement mémorable, « L'Abolition » ne démérite pas, au contraire. Il était d'ailleurs presque mission impossible de retrouver l'intensité et l'émotion qu'avait provoqué en nous « L'Exécution », magistrale reconstitution du procès de Buffet et Bontems, s'étant conclu de la plus terrible des façons pour Robert Badinter. Ici, l'intrigue n'est pas concentrée sur un seul procès, préférant au contraire évoquer les différentes victoires du futur Ministre de François Mitterrand dans son combat incessant contre la peine de mort, si bien que l'angoisse, le déchirement permanent qui était le nôtre précédemment est moindre cette fois.
Reste une belle reconstitution et des plaidoiries toujours aussi magnifiques (on notera celle particulièrement bouleversante lors du procès de Patrick Henry), d'autant que la ferveur de Charles Berling dans le rôle principal est une fois encore éblouissante. De plus, la réalisation toujours très professionnelle de Jean-Daniel Verhaeghe permet de toujours maintenir le bateau à flots, notre intérêt pour l'entreprise restant réel de la première à la dernière seconde... À défaut d'atteindre le panthéon télévisuel, ce second volet n'en est donc pas moins une réussite sincère et souvent instructive : appréciable.