On m'a expliqué dans un cours assez passionnant sur la réception des médias et leurs potentiels effets sur les âmes à l'écoute, et en particulier dans une étude de J. Radway sur les romans Arlequin, que dans ces derniers, on rencontre un homme, sauvage, misogyne, brutal, parfois et incapable d'amour, et une femme, éperduement à la recherche de l'homme de sa vie, le prince charmant, parfait, qui saura l'aimer, la soutenir, la comprendre, la surprendre... Par la suite, la femme devra passer par une multitude d'épreuves pour faire fléchir son homme, le changer, la faire accepter, ces épreuves étant parfois violentes... L'homme alors s'éprend de la belle, il a changé, à ses yeux. Au final, l'étude montre que ce ne sont pas les hommes qui sont changés par les femmes, mais bien les femmes qui se contorsionnent le caractère et la personnalité pour correspondre, non pas aux attentes des hommes, mais à leurs exigeances. De là découle que ces litres de romances ne favorisent ni ne prônent en rien une émancipation de la femme, qui, certes, change, dans ces romans, mais pour se plonger dans une domination masculine.

Eh bien la comédie romantique, dont celle-ci, en fait partie.

Nous avons d'un côté une jeune femme, professionnellement épanouie, indépendante, belle. Elle a tout pour elle. Sauf un homme. Et la quête de ce dernier semble bien compliquée : la donzelle a une liste longue comme un jour sans pain, et si, au fil de ses questionnaires et recherches interminables et inconvenantes, Monsieur ne rentre pas dans les bonnes cases, c'est qu'il n'est pas pour elle. Dans une scène un peu quiche, la belle nous détaille son idéal, en substance, un prince. Beau, cultivé, bonne situation, qui l'accepte comme elle est, qui la surprenne, et tout le tintouin. Ici, le personnage de Abby Richter entre assez parfaitement dans le petit moule Arlequin.

De l'autre côté, nous avons Mike Chadway, le macho, qui prône le sexe et non l'amour, et qui se moque ouvertement des donzelles telles que celle sus-nommée.

Et alors, l'intrigue commence. La belle Abby, ayant trouvé l'homme parfait, demande conseil à ce brave Mike, se rendant compte de ses nombreuses maladresses. Mike alors l'observe, et lui liste ses défauts, et s'emploie à les lui ôter, il la façonne à l'image que d'après lui les hommes veulent (une femme qui ne critique pas, qui sache se faire désirer, une femme sexy, très attentive à son apparence, etc).

C'est ici elle qui fait mille effort pour plaire à un homme, quitte à renoncer à ses principes et à sa personnalité. La fin, quant à elle, n'est pas sans rappeler celles des romans Arlequin : au final, c'est elle qui a changé, c'est elle qui a revu ses exigeances, qui doit abandonner ses listes, etc. Mike Chadway aussi semble avoir changé, avoir été rendu plus tendre, mais la fin laisse planer le doute sur ce point, tout comme dans les romans Arlequins où, d'apparence, l'homme semble s'être fait plus doux, et plus à même d'aimer...

Ce parallèle m'a sauté aux yeux en regardant ce film, alors que je m'en suis farcie, des comédies romantiques. Mais je suis sûre que dans la plupart, il est en de même, de manière plus ou moins conséquente. Et de fait, la comédie romantique visant principalement les femmes comme public, ne peut-on pas placer ce genre directement comme le remplaçant actuel des romans Arlequin ? Il y a même des scènes coquines pour faire rêver. Seule différence notable, et point à attribuer à la comédie romantique, dans les films de cette catégorie, les femmes ont généralement de bons postes professionnels. En gros, elles ne sont pas plus évoluées sentimentalement, mais au moins, ce n'est plus bobonne qui veut se faire engrosser et faire la vaisselle. On y gagne, un peu.

Du reste, si on sort de cette analyse, j'ai bien apprecié le film. Beaucoup de clichés qui montrent une grande dérision à propos des femmes et aussi des hommes. Quelques scènes drôles, de bonnes musiques, parfois. De jolis petits moments d'émotion. Bref, une comédie romantique assez sympa, qui casse pas des briques, mais qui fait passer quand même un bon moment. J'en ai vu des pires.
FlorianneB
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le 13 août 2012

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FlorianneB

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