Ah, une fois n’est pas coutume, l’ami Intercut ne m’a pas déçu. Faut dire que bon, j’ai beau bien l’aimé le guss, j’ai parfois du mal avec son approche artistique et les derniers films que j’ai maté sur son conseil éclairé se sont souvent révélés être à mes yeux de grosses déceptions, pour ne pas dire plus (Attack the Block, The Pirates – à nous le trésor Royal, Cyber ninja…).
Mais le speech autour de ce film a su piquer ma curiosité et ce fut une très belle découverte.
Déjà, un film qui se situe à Barcelone (une ville qui se situe eazy dans mon top 5 de mes villes préférées au monde), ça change un peu des Bois Sacrés d’Amérique, c’est sympa… Même si bon, si on est honnête, la ville n’a que (très) peu d’importance dans le récit, mais quand même...
Ensuite, c’est vraiment un bon p’tit triller-polar à l’ancienne, qui parlera probablement à tous les amoureux de Usual Suspect, Gone Girl, Peur primale, Dial M for Murder etc.
La réal’ est très propre, nous plonge bien dans l’ambiance, les acteurs et actrices convaincants, le rythme est bon, l’ambiance est au rendez-vous.
Il y a même une légère petite satire sociale saupoudrée par-dessus l'intrigue, histoire de donner un peu de volume au récit.
Alors, on va pas se mentir non plus, si le visionnage a été très agréable et si je me suis totalement prêté au jeu durant toute la durée du métrage, il faut reconnaitre qu’une fois la TV éteinte, quand on se refait le fil des évènements, on ne peut que constater que l’intrigue souffre d’un nombre non négligeable d’éléments très tirés par les cheveux…
Par exemple, je sais que c’est un trope classique de cinéma, mais le coup de la voiture qui s’enfonce comme une fleur alors qu’elle a juste été poussée de 30 centimètres dans la berge d’un lac, j’ai comme un doute que dans la vraie vie de la réalité véritable, ça fonctionne vraiment comme ça (après, je dis ça, mais j’ai jamais essayé non plus… oui, oui, je sais, j'ai raté ma vie...).
Notons aussi le coup du fils que j'ai vu venir de très loin et qui était quand même très téléphoné (sans rire, j'avais anticipé ce move à la réplique prêt).
J'avoue au passage ne pas non plus avoir bien compris l'intérêt de toute l'histoire du fameux témoin secret de l'accusation, censé être l'élément narratif déclencheur de tout le huit-clos. Non seulement c'est un peu un pétard mouillé (il n'y a aucun témoin secret), mais en plus, je ne comprends pas à quoi il sert concrètement : il est supposé être là pour mettre la pression sur l'accusé et justifier le fait qu'il doive tenter une manoeuvre de défense désespérée (d'où l'avocate, d'où la réunion de crise etc.), sauf que perso, je trouve que sa situation de base (seule personne présente sur les lieux du crime qui s'avère être un genre de "chambre jaune") est déjà laaaaaargement suffisamment délicate pour justifier de se triturer les méninges...
Mais pour peu que l’on parvienne à activer sa suspension consentie d’incrédulité, il n’y a rien qui dépasse de trop les limites de ce que ce genre autorise de capilotractations incompressibles.
Le final est, pour peu qu’on soit rentré dans le délire, particulièrement puissant. A moi, il m’a fait hérissé quelques poils, je le reconnais.
Un film que je conseille donc chaleureusement à tous ceux qui aiment les thriller sombre, tartinés de faux-semblants et de manipulations, plein de mystères et de rebondissements. Dans le genre, c’est pas un Chef d’œuvre, mais c’est une très honnête réussite à mon gout.