Billi, jeune sino-américaine, retourne dans sa Chine natale lorsqu'on lui annonce le cancer de sa grand-mère. Sur place, elle est confrontée au dilemme de maintenir Nai Nai dans le secret de sa maladie, comme le veut la tradition chinoise, ou de lui révéler la vérité, en accord avec ses valeurs occidentales...
L'intrigue tourne autour de la décision de ne pas révéler à Nai Nai qu'elle est atteinte d’un cancer en phase terminale. Dit comme ça, le pitch laisse présager une histoire plombante, mais ce n’est vraiment pas le cas ! Le film n'est pas dénoué de tristesse, mais il se présente plutôt comme une comédie douce-amère, avec son lot de situations ubuesques.
Contrainte au secret, Billi observe ses proches volontairement réduits au silence, mais rongés par la tristesse. Il y a quelque chose de très touchant dans cette expatriée confrontée à sa double culture. Sa relation avec Nai Nai est pleine de tendresse et symbolise quelque part son lien avec ses origines ; lien qu’elle est sur le point de perdre.
Le tabou de la mort donne surprenamment lieu à une dimension comique qui trouve son apogée lors de la scène du mariage, prétexte utilisé pour réunir toute la famille autour de Nai Nai. Entre les moments de pleurs gênants et les crises de nerfs, il est difficile de ne pas rire devant cette cérémonie de mariage aux allures de vaudeville.
Lulu Wang maîtrise habilement l’équilibre entre comédie et drame. Il faut dire que le film s’inspire très largement de son propre vécu, ça se sent dans l'écriture. À l’image de son héroïne, la réalisatrice s’impose une forme de retenue dans l’expression des sentiments, préférant le silence et les regards aux grandes démonstrations de sentiments.
Au final, malgré quelques petits moments de flottement dans le rythme, “The Farewell” touche au cœur et offre un récit sincère sur les liens familiaux et les différences culturelles. Le film se regarde aussi comme une ode émouvante à cette figure particulière qu’est la grand-mère. On en ressort avec le coeur léger et plein d’espoir.