Dans la description de la lutte contre le crime organisé, Hollywood se penche sur les premiers caïds, ceux qui ont permis la naissance du "syndicat" qu'on n'appelait pas encore la mafia. La biographie de gangsters sera donc un sous-genre intéressant à explorer pour montrer les actions mais aussi pour les comprendre.
Roger Corman ne s'intéresse pas au portrait classique du célèbre Al Capone qui a été déjà illustré par d'autres, mais réussit avec précision une description assez minutieuse du fameux massacre de la Saint-Valentin qui permit à Capone de se débarrasser de tous ses ennemis et concurrents en les faisant assassiner dans un garage par des faux policiers. La figure de Capone est bien sûr au centre de l'affaire, et Jason Robards se montre plutôt convaincant, en dépit d'un jeu souvent excessif où il se montre très agressif, son cabotinage est parfois limite, mais après tout, le rôle l'exige, il suffit de voir celui de De Niro dans les Incorruptibles. Cependant, il n'égale pas Rod Steiger qui dans le film de 1959 Al Capone, en donnait une interprétation puissante, ni même Neville Brand dans la série TV les Incorruptibles.
La réalisation est soignée, avec une bonne reconstitution du Chicago des années 20, Corman ayant bénéficié d'un budget un peu plus conséquent que sur d'autres de ses productions fauchées ; il a notamment pu faire des économies en réutilisant des décors déjà construits.
Le film tentait de renouer avec l'âge d'or des films de gangsters comme Scarface, L'Enfer est à lui ou les Anges aux figures sales... avec toutes les figures de style sur la Prohibition : assassinats sauvages, mitraillages à la Thompson (typique des années 20), gueules patibulaires, corruptions diverses etc... et il y parvient, avec en plus un bon casting composé d'acteurs aguerris au genre, comme Ralph Meeker dans le rôle de Bugsy Moran, l'ennemi du célèbre Balafré, et de jeunes acteurs débutants comme George Segal, Bruce Dern, et même Jack Nicholson dans un tout petit rôle (habitué des productions Corman).