Après un tragique incendie au Colectiv Club, discothèque de Bucarest, le 30 octobre 2015, de nombreuses victimes meurent dans les hôpitaux des suites de blessures qui n’auraient pas dû mettre leur vie en danger. L'enquête commence dans un magazine sportif (sic) et va révéler une corruption généralisée dans les hôpitaux roumains, symboles d'une politique sanitaire déplorable, jusqu'au niveau de l’État. Le documentaire d'Alexander Nanau suit, dans sa première partie, le travail des journalistes, avec une efficacité toute américaine, ne nécessitant aucun commentaire en voix off. L'affaire Collective est clairement à charge, voulant démontrer la gangrène d'un système, tout entier dévolu à l'enrichissement d'une poignée de gens hauts placés. Le film s'intéresse assez peu aux victimes mais il le fait avec une certaine pudeur. La deuxième partie du long-métrage est consacrée au nouveau ministre de la Santé, idéaliste et sans doute un brin candide, qui veut changer les choses en profondeur. C'est là que le film devient vraiment passionnant, moins programmatique et moins mis en scène, captant sur le vif les indignations et l'accablement de ce Don Quichotte, alors que des élections vont se dérouler. Peut-être que globalement trop alourdi par son caractère de film à thèse, L'affaire Collective reste cependant assez sidérant sur la manière dont une démocratie dévoyée (et la Roumanie n'est vraisemblablement pas un cas isolé) se construit et peut perdurer tant qu'elle bénéficie à quelques uns qui détiennent le pouvoir.